jeudi 18 juin 2009

Réponse de la communauté orthodoxe juive au cours ECR

Le 28 mai 2009, l'hebdomadaire juif Canadian Jewish News (CJN) a publié, dans son édition montréalaise, une publicité bilingue pleine page (page 17) qui annonçait la formation d'un mouvement populaire, le Conseil sur l’éducation juive au Québec (CEJQ) qui représente la « réponse du judaïsme orthodoxe vis-à-vis du programme d’éthique et de culture religieuse ». Le directeur général du CEJQ est le rabbin Chalom Spira.

Le CEJQ félicite, habilement, le gouvernement du Québec pour sa promotion de l'amitié universelle entre les peuples et, dans cette optique, décrit le gouvernement québécois comme honorable, juste et digne d'éloges. Toutefois, selon ce mouvement populaire, les juifs orthodoxes doivent limiter l'étude de la religion à la Torah tel que le rappellent des décisions ecclésiastiques comme celles de Chlomo Zalman Auerbach, Joseph Ber Soloveitchik, Avigdor Nebenzahl, Norman Lamm et Moché Feinstein et que la manière orthodoxe de mettre en œuvre le programme d'Éthique et de culture religieuse est d'utiliser le code noachide (ou de Noé) comme base, puisque le code noachide est la religion universelle que tous, juifs et non-juifs, doivent suivre.

Le code noachide représente, selon l'opinion rabbinique, les sept principes moraux auxquels toute l'humanité doit obéir. Il s'agit de lois qui ordonnent l'établissement de tribunaux, et interdisent l’idolâtrie, le blasphème, l’homicide, l’inceste, le vol, et la consommation d’un membre prélevé sur un animal vivant (cruauté envers les animaux). Elles constituent pour les rabbins la fondation de toute moralité. Celles-ci s’étendraient, par des lois dérivant d’elles, à tous les aspects du comportement moral humain.

Le CJN a publié une publicité identique le 4 juin (page 19). Le même jour l'hebdomadaire orthodoxe juif « Hade'ah Vihaddibour » rapportait des sentiments similaires de la part de l'arbitre rabbinique (halakhique) Yosef Chalom EliaChiv.

Pour ce qui est du dialogue autour de sujets éthiques ou religieux, le CEJQ le considère comme absurde :
« Il faut comprendre que le « dialogue » est plus qu'une conversation polie, plus encore qu'une discussion érudite. Elle implique le logos, un engagement plein et entier de la foi. Il s'agit d'une confrontation profonde dans laquelle tout est mis en jeu et dont le résultat est toujours imprévisible, et dont les deux parties sortent rarement indemnes. C'est à cause de la nature unique et intime du logos, de l'incommensurabilité d'une foi par rapport à une autre, que nous considérons que le dialogue théologique est une absurdité...

Non, en ce qui concerne la foi et l'engagement ultime, le seul dialogue authentique est celui entre D_u et l'homme. Débattre de telles matières entre des membres de communautés religieuses représente une distraction et non une contribution au grand dialogue. »

Rabbin Norman Lamm,
chancelier de l'Université Yeshiva


Dans sa constitution, le CEJQ s'insurge contre des passages comme ceux-ci tirés du programme officiel :
«- p. 45 : "Des doctrines: le monothéisme, [sic] le panthéisme, l'animisme, le polythéisme, le déisme, l'agnosticisme, etc. Des critiques et des dénonciations: l'athéisme, l'idée de l'aliénation religieuse du Marc, Freud et Sartre, l'idée de la mort de [sic] Dieu chez Nietzsche, etc."
Le programme requiert donc de l'enseignant qu'il sensibilise l'élève qu'il y a (d'une certaine façon) plusieurs manières de représenter le divin, ainsi que des créatures mythiques et surnaturelles.

Il s'agit d'une équation relativiste de toutes les doctrines religieuses. Il faut respecter (en quelque sorte) le monothéisme, le polythéisme, l'agnosticisme et l'athéisme tous à la fois. En outre, on doit introduire les élèves à l'idée que D_u peut (pour ainsi dire) mourir. »
Le 5 juin, le Devoir publie enfin un long article informant ses lecteurs que le programme ECR ne se donne pas dans les écoles juives orthodoxes.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je vois mal comment le gouvernement pourrait permettre à ces écoles d'offrir un cours dit "équivalent" à ECR, et le refuser à Loyola.

Inversement, je vois mal aussi le gouvernement poursuivre ces écoles ou supprimer leurs subventions si elles n'offrent pas le cours ECR. Alors?... Il ne pourra pas y avoir de deux poids, deux mesures.