mardi 11 novembre 2008

Le cours d'ECR tassé au bas de la grille

Le Soleil de Québec rapporte que dans certaines écoles le cours d'ECR est relayé au bas de la grille-matière et les enseignants se sentent laissés à eux-mêmes.

La journaliste du Soleil s'est rendue au premier congrès de l'Association québécoise en éthique et culture religieuse qui se terminait aujourd'hui à Levis. Au niveau méthodologique, on peut se demander s'il s'agit là du meilleur lieu pour prendre le pouls véritable de l'implantation du cours d'éthique et de culture religieuse (ECR). En effet, cette association regroupe des professeurs dont le gagne-pain, en quelque sorte, est ce nouveau cours. Il y a fort à parier que les enseignants du primaire que nous avons rencontrés personnellement et qui s'opposent à ce cours qu'ils doivent donner n'y sont pas représentés. Il en va de même des professeurs d'écoles confessionnelles opposées à ce cours et qui discrètement ne le donnent pas, contrairement à ce que prétend l'article qui affirme que le cours « est enseigné dans toutes les écoles du Québec depuis septembre », ce qui est déjà faux très officiellement dans le cas de l'école Loyola.

L'article est cependant instructif.

Soutien nul dans certaines commissions scolaires
Suzanne Bérubé, qui enseigne à la polyvalente des Baies à Baie-Comeau, n'a eu que quatre petites heures de formation et doit préparer tout elle-même. «Il faut tout faire par nous-mêmes. Le découpage de la matière, le matériel, concevoir les activités, l'évaluation... C'est très demandant», dit-elle.

Deux fois moins d'heures que prévu au programme
Dans la région de Québec, c'est à la commission scolaire des Découvreurs que les critiques sont les plus vives. Certaines écoles, comme le pavillon Laure-Gaudreault de l'École des Pionniers à Saint-Augustin, ne donnent qu'une période par cycle en première et deuxième secondaire, alors que le ministère recommande plutôt deux périodes.

Profs nouvellement formés en ECR sans boulot
Certaines directions d'école choisissent aussi d'offrir le cours à des enseignants de maths, de français ou d'histoire pour compléter leur tâche plutôt que d'embaucher des spécialistes, ce que déplorent plusieurs enseignants. Résultat : de jeunes profs nouvellement formés pour enseigner cette matière se retrouvent, paradoxalement, sans boulot.
Quand on se rappelle le zèle missionnaire qui anime certains de ces nouveaux professeurs, il s'agit sans doute d'une bonne nouvelle.

Cours relégué au dernier plan, cours qui disparaîtra
Beaucoup se sont dis [sic] déçus que le cours ne soit pas pris au sérieux et souvent relégué au dernier plan, comme c'était le cas pour les cours de religion catholique ou de morale. «C'est vu comme du remplissage de grille-matière, comme un cours qui va finir par disparaître de toute façon, déplore Richard Martineau, enseignant à l'École secondaire de Rochebelle. Il reste encore beaucoup de travail à faire pour faire comprendre l'importance de ce cours. C'est une matière importante pour vivre en société. »
Comme si, sans ce cours, les Québecois ne vivaient déjà pas en bonne intelligence, comme si ce cours relativiste (ou pluraliste normatif c'est selon) allait vraiment améliorer les choses !

Rappelons ici ce que M. Antoine Malek, président de l'Association de la communauté copte orthodoxe du Grand Montréal disait de ce cours dans une lettre adressée à la ministre de l'Éducation, reproduite dans l'édition du printemps 2008 de Famille-Québec :
« Madame la ministre, nous trouvons honteux [nous soulignons] que vous teniez ces propos qui peuvent laisser sous-entendre que les Québécois ne sont pas vraiment capables de bien vivre ensemble. Nous trouvons honteux [idem] que l'ensemble de votre argumentation puisse culpabiliser les Québécois. Non, madame la ministre, les Québécois méritent d'être félicités pour leur civisme, leur accueil chaleureux et leur savoir vivre ensemble. »
M. Gary Caldwell, dans le nº 20 de la revue Égards, reprend ce thème :
« En proclamant le besoin de « créer » un « vivre ensemble », on se trouve, par le fait même à escamoter et déprécier celui qui existe déjà. En fait, la société québécoise jouit d’un degré de civilité hors de l’ordinaire et d’un esprit d’égalité exceptionnel. […] Présumer qu’il faille rendre les jeunes Québécois plus tolérants et plus capables de « vivre ensemble » que la société civile ne le fait déjà constitue une attitude de mépris envers le « vivre ensemble » et « la culture publique commune » qui existent présentement. »

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