mercredi 1 octobre 2008

« C’était complètement débile… »

Extrait d'un article du « professeur solitaire » :
Vendredi dernier, j’ai reçu une « formation » (si on peut l’appeler ainsi) pour le nouveau cours d’éthique et culture religieuse.

C’était complètement débile…

La personne qui animait cette soi-disant formation a avoué elle-même avoir été parachutée là à sa grande surprise et ne savait donc pas trop de quoi elle parlait. Elle a lu le programme, l’a digéré et nous le vomissait dans le bec comme les gentils petits oisillons que nous sommes. Comme d’habitude, nous les profs, on est supposés s’asseoir là gentiment, avaler et surtout, SURTOUT, ne rien remettre en question.

[...]

C’est quoi l’idée derrière ce cours ? Simple: face à la réalité du Québec qui compte de plus en plus d’immigrants, le gouvernement a décidé de remplacer les cours de catéchèse et de morale par un nouveau cours sur l’éthique et sur TOUTES les cultures religieuses.

[...]
Faire étudier les fondements du sikhisme, du taoïsme ou du judaïsme aux élèves québécois, ça fait très « belle ouverture d’esprit » et « on est tous des frères » en apparence, mais quand on s’y arrête, il y a quelque chose de débile là-dedans. C’est la majorité qui s’adapte à la minorité alors que ça devrait être le contraire. Pensez-vous que les petits Français et Allemands étudient l'islam au primaire à cause du grand nombre d'immigrants algériens et turcs ? Croyez-vous que les écoles primaires américaines enseignent les fondements du catholicisme en réaction à l'immigration massive des latinos ? Bien sûr que non… ce genre de trucs, on retrouve ça seulement ici !

Deuxièmement, on justifie ce nouveau cours avec la citation suivante d’André Gide: «Le meilleur moyen pour se connaître, c’est de chercher à connaître autrui.» À cela je réponds ceci: pourquoi passer par la religion pour apprendre à connaître autrui? Est-ce la seule chose qui nous définit? Moi, j’ai des amis qui ne partagent pas mes croyances et si on me demandait de les décrire, je vous parlerais de leurs goûts, de leurs rêves, de leurs valeurs, de leurs vies et de leurs personnalités, leur religion n’entrerait même pas en ligne de compte. L’idéal n’est-il pas de regarder au-delà de ces étiquettes? Plutôt que de dire « j’ai une amie musulmane », n’est-il pas préférable de dire « mon amie Shahrzad adore les films policiers et rêve d’être architecte » ? Pensez-y, les gens de votre entourage, les aimeriez-vous plus ou moins s’ils avaient une religion différente ? Dans mon cas, la réponse est non, cela n’influence en rien l’opinion que j’ai d’eux !

J'irais même jusqu'à dire qu'imposer une étiquette à quelqu'un divise les gens au lieu de les réunir. Je pense à deux de mes anciennes élèves, l'une juive et l'autre musulmane. En 5e année, elles étaient les meilleures amies du monde. C'était tellement beau de les voir. Elles étaient inséparables, toujours en train de s'amuser, de rire, de se faire des câlins. Je leur avais demandé si la religion de l'une et de l'autre était parfois un problème et j'ai bien vu par leurs réponses qu'elles s'en fichaient éperdument, tant de leur propre religion que de celle de l'amie. Puis, en 6e, elles ont commencé à apprendre, à prendre conscience de leurs religions respectives et de celle de l'autre. Elles se sont lentement éloignées. À la fin de l'année, elles ne se parlaient plus. Parce qu'elles avaient perdu la capacité de voir ce qui les réunissait, les rapprochait, ce qui faisait d'elles des amies. Elles ne voyaient plus en l'autre qu'une « musulmane » ou une « juive ». C'est à briser le cœur. Qu'on fiche donc la paix aux enfants, qu'on les laisse donc être des enfants! Pour eux, la religion est une abstraction qui n'a aucune importance !

[...]

Mais non, avec ce nouveau cours, dès la première année, on va leur enfoncer dans le fond de la gorge ces étiquettes et mettre toute l'emphase sur le fait que le groupe X n'est pas comme le groupe Y. C'est d'une tristesse inouïe.

Troisièmement, ce qui m'écœure le plus et ce qu’il y a de plus insidieux et de plus dangereux dans ce cours, c'est qu'on demande surtout au prof de ne jamais intervenir, de ne jamais donner « son opinion personnelle » et de laisser les enfants se faire leur propre opinion. Ça peut paraître merveilleux vite de même, mais pensez-y un peu…

Ça tombait bien parce que justement, la parachutée nous a montré un vidéo d’un enseignante de Québec qui a fait une activité dans sa classe. Les élèves, divisés en groupes, devaient faire des recherches sur les récits de l’origine des humains dans différentes religions. Ce qui est scandaleux, c’est que l’évolution (la parachutée a même osé utiliser le terme « théorie » pour en parler) est présentée comme un récit de plus parmi les autres. Le prof n’a rien dit à ce sujet, c’est comme si l’évolution avait autant de crédibilité scientifique que Adam et Ève ! Hallucinant…

[...]

Dans le vidéo, l’enseignante n’intervenait pas, elle laissait les élèves patauger là-dedans aveuglément. À un moment donné, elle a demandé aux élèves de relever les similitudes entre ces différentes versions de l’origine de l’homme. Un p’tit gars a répondu un truc du genre : « Dans toutes les versions, c’est un ou des dieux qui ont créé l’homme, sauf pour l’évolution ». Qu’est-ce que cet enfant est en train de se dire? Peut-être quelque chose du genre : « Si toutes les religions racontent que des dieux ont créé les êtres humains, comment peuvent-elles toutes se tromper ? »

Aucun commentaire: