dimanche 31 août 2008

« La théologie est un procédé qui permet de garder les agnostiques au sein de l'Église »

Alors que le gouvernement du Québec brandit la menace de sévir contre les parents qui refusent qu'on impose le cours d'ECR à leurs enfants, il nous est apparu important de détendre l'atmosphère.

Pour une fois (ou deux) en anglais, une vidéo tirée de la série télévisée satirique britannique des années 80 Yes, Prime Minister. Cet extrait traite de la nomination d'évêques soi-disant modernistes (athées dans ce cas-ci) et de la foi des théologiens.

Jim Hacker est le Premier ministre, Sir Humphrey est « Cabinet permanent secretary », un genre de sous-ministre inamovible qui représente la véritable continuité de l'État et de la fonction publique dans la série, il est le conseiller des Premiers ministres.

Agnostiques contre le volet culture religieuse envisagent de retirer leurs enfants du cours d'ECR

Nous reproduisons ci-dessous une lettre ouverte envoyée par des parents qui se disent agnostiques et qui s'opposent au cours d'ECR tel qui va être enseigné à leurs enfants.

Bien que nous ne souscrivons pas avec la notion de laïcité fermée (de laïcisme) de ces parents, pas plus qu'à leur caricature de la religion (les idéologies athées sont au moins aussi belligènes que les religions en général), nous pensons qu'un pays épris de liberté doit prendre en compte leurs convictions en tant que parents face à un État qui désire imposer à tous les enfants ce qu'il a décidé être bon pour ceux-ci quoi qu'en pensent leurs parents.

Quand l'État québécois va-t-il cesser de croire que les enfants de ses citoyens lui appartiennent ?
« 
À Michelle Courchesne, ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport

Depuis maintenant dix ans, nos trois enfants qui fréquentent présentement les niveaux primaire et secondaire ont suivi le cours d'enseignement moral. Nous nous affichons auprès d'eux comme agnostiques et nous leur expliquons les fondements de ces choix. Nous percevons les religions comme étant à la source des guerres et des conflits mondiaux, et défendons une vision scientifique qui correspond à la réalité.

C'est pourquoi nous nous opposons à l'incursion des dogmes religieux sur la place publique, ainsi qu'à la dimension d'enseignement obligatoire de ceux-ci à l'intérieur du nouveau cours d'Éthique et culture religieuse.

Nous pensons que l'école se doit d'être un lieu de transmission des connaissances qui doivent faire consensus. Nous préconisons donc que l'espace public doit être protégé des croyances. La tolérance minimale commande que toute manifestation d'une quelconque religiosité doit se faire dans le privé et dans les temples, et ce, sans dimension obligatoire ou coercitive de quelque nature que ce soit.

Nous avons constaté que le volet éthique du nouveau programme ECR exerce une continuité avec le cours de morale. Il est également soutenu que l'élève verra enrichir sa réflexion et ses connaissances en échangeant des idées et en discutant avec les autres, cet objectif est très bien rempli avec le volet éthique.

Cependant, le volet culture religieuse comporte des vices et des fondements biaisés, puisqu'il élude totalement la réalité scientifique et vise plutôt à justifier le bienfondé et la nécessité des religions dans la société. Dans le nouveau programme, il est aussi soutenu que les responsabilités de l'école et des églises, en matière d'éducation, sont clairement partagées; pourquoi alors proposer un cours sur les cultures religieuses obligatoire ? De mettre en perspective les différences idéalistes, rites et croyances des différentes religions ne nous apparaît pas une responsabilité éducative nécessaire ou utile.

En tant que société laïque, nous proposons donc de maintenir le cours d'enseignement moral qui sied parfaitement à la croissance personnelle d'un enfant du primaire et du secondaire. Le nouveau cours sur la culture des religions ne devrait pas être obligatoire car nous jugeons que cela va à l'encontre de la Charte québécoise des droits et libertés et des valeurs des familles qui ne croient en aucune religion. Nous pensons que la reconnaissance des différents dogmes avec leurs lots d'incongruités n'amène certainement pas un esprit à devenir critique ni à développer un raisonnement empreint d'intelligibilité et de réalisme.

Si le programme d'Éthique et culture religieuse devait néanmoins demeurer obligatoire pour la rentrée 2008, nous exigeons que nos enfants en soient retirés et qu'ils aient le choix d'un cours optionnel au secondaire ou qu'il leur soit possible d'assister à un autre cours en remplacement au primaire.

Nous espérons que cette demande ne perturbera pas le cheminement scolaire de nos enfants. Nous vous prions de vraiment considérer le bien de l'élève ainsi que le choix des parents !

Sylvie Hamelin M.Éd.
Marco DeRossi B.Sc.
Sainte-Thérèse »

samedi 30 août 2008

« Un instant, Madame Courchesne ! »

Trop, c'est trop. Je ne peux rester sans commenter les propos rapportés dans l'article du 29 août s'intitulant « Courchesne souhaite que les parents songent plutôt au bien de leur enfant ».

En tant que père de quatre enfants, je peux vous dire que le bien de mes enfants est la priorité dans ma vie et que je n'ai aucune intention de déléguer mon autorité parentale au gouvernement pour y arriver. Gouvernement qui a modifié la Charte québécoise des droits et libertés de la personne et aboli la liberté de conscience des enseignants pour imposer ses cours d'éthique et de culture religieuse.

On dirait que le ministère de l'Éducation et le gouvernement du Québec ont décidé, par la réforme scolaire et autres interventions, que le nivellement par le bas et que tout le monde soit pareil, c'est la voix à suivre. Pas pour moi. N'en déplaise à Mme Courchesne, mes enfants ne deviendront pas des « suiveux », je désire que ces derniers se construisent une colonne vertébrale et qu'ils aillent au bout de leur potentiel.

Bravo aux enfants et aux parents qui auront assez de colonne pour ne pas se laisser arrêter par des épouvantes !

Jacques Joly
Sherbrooke

vendredi 29 août 2008

Le dalaï-lama hospitalisé à Bombay « serait emballé par le cours d'ECR »

Selon la Presse qui reproduit les affirmations de partisans du cours d'ECR, « le dalaï-lama serait emballé » par le cours d'éthique et de culture religieuse. Ceci alors que le dalaï-lama, de retour d'un long voyage en Europe, est à l'heure actuelle hospitalisé à Bombay !

Il viendrait même en octobre 2009 (dans plus d'un an) vanter les mérites de ce cours à Montréal !

On a dû mal à croire que le dalaï-lama, avec son horaire chargé, ait pu étudier le nouveau cours en détail alors qu'il n'y a aucun manuel en anglais et que ceux en français viennent juste de sortir. Ceci ne signifie pas évidemment qu'il ne se réjouira pas de la grande place donnée aux spiritualités orientales dans ces manuels et du fait qu'il soit cité sur toute une page en exemple dans les manuels Modulo (non, aucun Pape n'est cité comme modèle). Mais il est peu probable qu'il ait pu se pencher sur la question au-delà de ce qu'on aurait pu lui dire d'en penser.

Il est intéressant de voir comment ces affirmations attribuées au dalaï-lama par des partisans sont si facilement reprises par des « journalistes professionnels et neutres » (la même nouvelle est parue en anglais).

Mission de l'école québécoise : faire des jeunes des citoyens du monde ?

Les propos du dalaï-lama rapportés par Samdup Thubten, de la communauté tibétaine de Montréal, sont assez caractéristiques. Selon M. Thubten, « Le dalaï-lama croit qu'il faut enseigner et instiguer des valeurs d'éthique aux enfants dès leur plus jeune âge pour en faire des citoyens du monde ». On notera qu'on n'a aucune citation directe du dalaï-lama, mais uniquement ce qu'en rapporte un partisan du cours. Ensuite, la partie la plus contestable de cette citation n'est pas le fait d'enseigner des valeurs morales tôt dans la vie des jeunes, mais le fait que ce soit pour en faire des citoyens du monde ! La fonction de l'école québécoise devrait plutôt être d'intégrer les enfants qui la fréquente à la société québécoise ou du moins de les y familiariser, mais pas d'en faire des êtres déracinés qui sont d'abord des citoyens du monde ! C'est évidemment à la mode dans certains milieux, mais pas nécessairement sage dans un Québec qui se détricote très vite.

Le dalaï-lama est-il pour la privation de droits et les menaces répétées de sanction ?

On peut également se demander si le dalaï-lama est d'accord avec la manière dont ce programme est imposé : en supprimant des droits dans les chartes, en enlevant le droit d'objection de conscience aux enseignants, en imposant le cours à tous et en menaçant les parents récalcitrants.

Il nous paraît, toutefois, difficile de penser que ce chef spirituel qui a consacré sa vie à défendre la liberté d’expression, de conscience et de religion puisse avoir donné son aval à la privation de droits qui a accompagné l’introduction de ce cours. Il est également difficile de penser que le chef tibétain approuve les menaces de sanctions scolaires répétées qui planent sur les élèves qui n’assisteraient pas à ce cours pour des raisons religieuses ou philosophiques.

La vraie question

Car, en fin de compte, la question porte sur cela : la liberté en matière d'éducation et le respect des convictions des parents. Que des bouddhistes aiment bien qu'un programme se penche plus sur leur spiritualité quoi de plus normal, que le dalaï-lama dise — enfin des partisans du cours en question disent que le dalaï-lama dit — être en faveur de la formation de citoyens du monde, c'est leur droit le plus strict. Le véritable enjeu est de savoir s'il n'y a de place que pour ce que décide l'État en matière d'enseignement de la morale et de la spiritualité sous peine de sanction. Les parents qui s'opposent à l'imposition de ce cours pensent que l'État qui dit valoriser le pluralisme — c'est un comble ! — n'a pas à imposer un seul cours à tous dans le domaine de la morale et de la spiritualité, qu'il doit permettre la dispense à ce cours comme c'est le cas partout ailleurs dans les pays démocratiques.

Le 3 septembre, réunion d'information des milieux évangéliques à Saint-Romuald (Lévis) sur le cours d'ECR

Plusieurs intervenants évangéliques considèrent que le programme obligatoire d’Éthique et de Culture Religieuse du MELS comporte des menaces sérieuses à la liberté de conscience et surtout au droit des parents de transmettre leurs valeurs à leur enfant. Selon le gouvernement, les enfants de famille évangéliques ne peuvent se soustraire de ce cours, même dans les écoles privées !

Prière de transmettre cette invitation à une soirée d’information le 3 septembre 2008 à 19h00 au :

Centre du Plein Évangile de la Rive-Sud,
1575 Chemin du Sault,
Saint-Romuald (Lévis), Qc.


Cet évènement est organisé en collaboration avec plusieurs organismes évangéliques et avec la Coalition pour la liberté en éducation.

Essentiellement, cette question débattue depuis plus d’un an a été présentée de façon forte incomplète par les média et par le MELS. Les parents sont au centre de ce débat et doivent entendre tous les points de vue avant de décider de leur action en ce qui concerne au plus haut point LEUR ENFANT.

La réunion sera diffusée en direct sur Internet grâce à la collaboration de Radio VPJC <http://www.dravard.net/vpjc/>. Pour syntoniser, rendez-vous sur http://www.cpers.qc.ca/MediaCPERS.htm.

Vous y trouverez les instructions pour entendre les conférenciers, de même que des moyens pour intervenir immédiatement dans les discussions par courriel ou par audio.

Si vous habitez en dehors de la région immédiate de Québec, nous vous suggérons d’organiser une réunion « branchée » à ce moment, dans un lieu où vous pourrez diffuser l’évènement (un ordinateur branché à Internet suffit) et permettre à des gens d’interagir avec ceux du CPERS.

Pour information à ce sujet contacter : media<arrobe>cpers.qc.ca

Le mouvement de retrait s'étend

La Tribune de Sherbrooke indique que le retrait des enfants des cours imposés d'éthique et de culture religieuse s'étend désormais à au moins cinq écoles dans la région sherbrookoise.

Après Valcourt, c'est maintenant au tour de parents de Sherbrooke de s'organiser pour retirer leurs enfants des cours d'éthique et de culture religieuse. Des parents font aussi de même dans la région de Drummondville.

« Boycott, ce n'est pas le terme que j'aime. On a un droit de retrait qui va être exercé », indique Claudette Lavallée, mère d'une élève du Collège Sacré-Coeur de Sherbrooke qui a l'intention de retirer sa fille du cours ce vendredi.

Au total, cinq écoles seraient concernées sur le territoire sherbrookois: quatre écoles publiques et le Collège Sacré-Coeur, selon Mme Lavallée.

jeudi 28 août 2008

Pédagogisme et formation des maîtres en France

Petits extraits d'un reportage sur les I.U.F.M. (instituts universitaires de formation des maîtres en France).

« C'est comme le service militaire, ça sert à rien, mais il faut y passer. »

« Peu d'opposition à Québec »

Le Journal de Québec titrait ce matin « Peu d'opposition à Québec » en parlant du peu de demandes d'exemption au cours d'ECR reçues à Québec.

Ce sont deux choses différentes.

Il est normal que beaucoup de parents se soient abstenus de faire des demandes d'exemption quand on se rappelle :
  1. que la ministre Courchesne a dit dès le début que toutes ces demandes seraient refusées quitte à « écraser des orteils » (18 avril 2008 au Soleil) ;
  2. que les commissions scolaires et un professeur Rousseau hier encore à la tribune téléphonique de Radio One ont répété que l'absence au cours signifierait l'échec;
  3. qu'il ait fallu attendre la CBC hier pour forcer un directeur adjoint de commission scolaire à avouer que cela ne signifiait qu'échec en cette seule matière, mais que cela n'avait aucun impact sur le parcours scolaire de l'élève retiré du cours ou qui choisirait l'éducation physique en secondaire V : il ne redoublerait pas  (on notera au passage l'absence d'écho dans la presse francophone conformiste) ;
  4. que l'immense majorité des parents ne connaît pas le cours ;
  5. qu'ils ont surtout entendu au sujet de ce cours les envolées lyriques du Monopole de l'Éducation : enfin permettre de « vivre ensemble » dans un Québec de plus en plus divers, de discuter de justice sociale et de favoriser le dialogue, sans qu'ils aient accès aussi facilement aux critiques fondamentales présentées par la CLÉ ainsi que des universitaires ou des éducateurs comme ceux de l'école secondaire catholique Loyola (cette école et sa demande d'exemption en bloc il y a quelques mois n'ont d'ailleurs jamais été mentionnés dans la presse francophone à notre connaissance) ;
  6. que la presse a, par exemple, ouvert ses colonnes à une association de professeurs d'éthique et de culture religieuse (AQECR) pour qu'elle se livre à une attaque au vitriol contre la CLÉ (l'accusant de discours « mensonger », de « mauvaise foi », de « désinformation ») sans publier une réplique sereine de cette Coalition ; d'autres journaux, comme Le Devoir, ont très tôt avoué leur parti-pris en faveur du cours d'ECR et cela dans un éditorial, le Devoir n'a d'ailleurs publié récemment que très peu d'articles couvrant l'opposition à ce cours.

Il n'est donc pas étonnant étant donné ce manque de débats, l'annonce du refus systématique d'exemption et les menaces répétées de sanctions scolaires que les parents n'aient pas demandé en grand nombre l'exemption de ce cours. Ceci ne signifie pas qu'ils soient d'accord avec l'imposition de ce cours ou même ce cours qu'ils méconnaissent.

Enfin, rappelons que nous parlons ici de droit démocratique d'exemption en raison d'une objection de conscience. Ce droit ne dépend pas du nombre d'objecteurs assez courageux pour se lever contre le Monopole de l'Éducation qui brandit la menace de sanctions. Ce droit doit, par principe, être respecté dans une société qui chérit ses libertés de conscience et de religion, peu importe le nombre d'objecteurs de conscience et ceci alors que l'objection ne s'accompagne pas d'inconvénients indus envers le ministère (il peut continuer à prodiguer ce cours à ceux qui le veulent).

Il est ironique de voir la distance qui sépare la pratique (les sanctions, le refus de dialogue, du pluralisme) du discours des partisans du cours d'ECR (pour la non-violence, le dialogue, le pluralisme).

mercredi 27 août 2008

L'école secondaire Loyola fait appel du refus d'exemption au cours d'ECR

L'école secondaire catholique montréalaise Loyola fait appel de la décision du Monopole de l'Éducation qui lui a refusé une demande d'exemption au cours d'ECR déposée il y a quelques mois.

Les enseignants de Loyola avaient demandé à être dispensés du programme d'ECR parce qu'ils désapprouvent de sa méthodologie et parce que, en tant qu'établissement privé, il offrait déjà un programme en religions du monde.

Le directeur, Paul Donovan, déclaré qu'il n'avait pas de difficulté avec le programme obligatoire en tant que tel, mais plutôt avec la structure de ce programme imposé par le MELS.

« Il n'y a rien de mal — et nous n'avons pas de réticences quant aux objectifs du cours, c'est-à-dire la promotion de la tolérance et d'un "vivre ensemble" » a-t-il déclaré à la CBC. « Nous en avons plutôt avec la méthode. »

Le volet éthique promeut le relativisme, ce qui est contraire à la philosophie éducative de Loyola, d'ajouter Donovan.

« Y a-t-il moyen de savoir ce qu'est le bien et le mal, ou faut-il que nous disions que personne ne peut jamais le savoir ? » a-t-il demandé.

« Ce n'est pas ainsi que les lois sont modifiées, ce n'est pas comme cela que la société change ou s'améliore. La morale doit prendre le pas sur la loi et la culture. »

Selon M. Donovan, il ne faut pas que le gouvernement puisse dicter à l'école secondaire Loyola comment elle doit enseigner la religion.

« Est-il normal que le gouvernement dise que tout le monde au Québec doive adopter son type particulier de philosophie, ce qui se passe pour l'instant ? C'est une philosophie relativiste. »

Les enseignants de Loyola ont déjà suivi les sessions de formation au nouveau cours d'ECR et pourraient l'enseigner a ajouté M. Donovan.

Mais en son âme et conscience, le directeur de Loyola se dit incapable de commencer à enseigner cette matière.

Source : aol.ca.

Les enfants retirés du cours d'ECR ne redoubleront pas...

D'après une dépêche de la CBC, M. Christian Provencher, directeur adjoint de la Commission scolaire des Sommets, a assuré que les enfants qui auront été retirés du cours controversé d'ECR imposé par le Monopole de l'Éducation ne redoubleront pas (« Students will still be able to graduate »).

Nous avions déjà mentionné qu'avec la réforme, tout le monde est supposé passer au primaire sauf les enfants qui ont de grandes difficultés d’apprentissage et en concertation avec leurs parents.

Le cours n'est pas sujet à sanction, selon le régime pédagogique du Monopole de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), sauf en 5e secondaire où les élèves doivent réussir le cours d'éthique et de culture religieuse ou celui d'éducation physique pour obtenir leur diplôme d'études secondaires.

Voilà une excellente manière de promouvoir l'éducation physique et la santé de la jeunesse québécoise ! Bravo à la CLÉ.

lundi 25 août 2008

« L'aspect éthique négligé » par les opposants au cours d’ECR

La Tribune de Sherbrooke consacre un autre article aux seuls partisans du cours d’ECR, rien de bien neuf (faire peur aux parents d’un côté, d'un autre prétendre que le nouveau cours n’aura pas d'impact sur la foi des enfants, ce qui dans l'absolu est faux bien sûr). Rien de neuf, sauf ce paragraphe :
Selon Christian Provencher, [le préfet de discipline à la Commission scolaire des Sommets], les opposants au cours d'éthique et de culture religieuse oublient trop souvent l'aspect éthique du cours. « Les jeunes vont se pencher sur le respect, la justice et les différentes réalités sociales qui les entourent. C'est une plus-value dans le développement global des jeunes. »

« Mauvaise foi »

Cette critique n’est pas sans rappeler la critique au vitriol de Sylvain Fournier, enseignant en Éthique et culture religieuse à la Commission scolaire des Affluents et responsable de l'information à l’Association québécoise en éthique et culture religieuse (AQÉCR) parue dans la Voix de l'Est. Celui-ci reprochait à la Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ) de mener une « campagne de désinformation », de discours « mensonger » et de « mauvaise foi » en citant pour preuve, si on peut dire, que la CLÉ ne parlait jamais du volet éthique du programme d'ECR. Rien de moins ! Le manque de modération des propos d’un enseignant en ECR et responsable de l’information à l’AQÉCR ne peut qu’inquiéter les parents soucieux de l’instruction de leurs enfants.

Les partisans du cours d’ECR qui s'expriment dans les médias, assez conformistes et dont tant semblent défendre étrangement leur gagne-pain, devraient se renseigner. Aidons-les.

Pas d’éthique, sans définition de vertus…elles dépendent de la foi

Pour des croyants, l’éthique ne peut se concevoir sans un cadre moral préalable : quels sont les vertus et les vices acceptés. Nommons, par exemple, une de ces vertus qui manque singulièrement aux architectes qui ont pondu ce cours pour les enfants du bon peuple québécois : la prudence. La prudence qui imposait de ne pas imposer ce cours, mais de le rendre au moins facultatif devant la réticence de nombreux parents et même des évêques catholiques, mollement résignés.

Citons Léon XIII dans son encyclique Affari Vos : « sans religion il ne peut y avoir aucune éducation digne de ce nom, ni quelque bien que ce soit, étant donné que la véritable nature et puissance de tous les devoirs origine des devoirs spéciaux qui lient l’homme à Dieu, qui commande, défend et détermine ce qui est bien et mal. »

Or, donc, la religion propose un cadre moral qui peut s’opposer, lors des discussions éthiques abordées, aux points de vue qui seront exposés en classe ou qui seraient majoritaires. On ne peut donc croire que le volet éthique est séparé de manière étanche du volet religieux pour des croyants comme le laissent penser ces fonctionnaires du MELS.

Notons que les points de vue présentés (« voici ce que pensent les catholiques, les scientifiques ») le seront peut-être de manière tronquée (il y aura si peu de temps avec tant de religions et le point de vue « scientifique » à aborder !) sans que les parents ne le sachent.

Sujets d’éthique prématurés, pression conformiste ou embarrassante

En octobre 2007, Mme Morse-Chevrier s’était inquiétée des questions relatives aux « types de famille » acceptables (homosexuelle, polygame par exemple ?) et avait souligné que ce sujet était trop délicat et controversé pour être abordée au premier cycle de l'école primaire. Qu’exigera-t-on de l’enfant dans une telle discussion ? L’enfant vivra une pression sociale si ses valeurs familiales ne vont pas dans le sens du programme ou du groupe. Rappelons que la plupart des religions partagent ces réserves par rapport aux modèles familiaux que le programme d’ECR dans sa partie « éthique » encourage à explorer. C’est aussi le fait de l’Église catholique, même si l’Église québécoise, timorée, ne dit mot de peur de paraître « radicale » ! Faut-il rappeler que le message christique est radical, que Dieu vomit les tièdes (Apocalypse 3:14-16) ou que Jésus réprouve ceux qui cachent Sa Lumière sous le boisseau (Matthieu 5:15) ? Et en quoi le silence des catholiques (ou des chrétiens en général), terrorisés de passer pour des extrémistes, a-t-il fait avancer leur cause ? Ils laissent, de la sorte, un boulevard à leurs détracteurs qui essaieront, sûrs de leur monopole de la parole, d'imposer aux enfants des croyants des valeurs que ces mêmes croyants réduits au silence récusent pourtant.

En février 2008, Mme Morse-Chevrier, psychologue et présidente de l’Association des parents catholiques du Québec, lors d’une grande réunion publique à Montréal à l'Oratoire Saint-Joseph s’était encore penchée sur le nouveau programme « Éthique et Culture religieuse » pour en signaler par des exemples concrets les dérives possibles : demande prématurée d'abstraction de la part des enfants (dès six ans !), confusion alors que l'enfant demande des repères, pression du groupe fréquente quand le programme demande aux enfants de « dialoguer » (avec quelles connaissances ?) et de voir comment ils sont parvenus à modifier ou non leurs points de vue. Tout cela sur de nombreux sujets délicats qui pourraient embarrasser ou blesser les enfants qui se trouveraient sans réponse ou en minorité.

Créer des enfants individualistes, pluralistes et critiques des préceptes moraux de leurs parents

En juin 2008, Douglas Farrow dans le National Post s’opposait à la philosophie individualiste sous-jacente au cours d’ECR : 
« C’est le même Québec qui en septembre [2008] commencera à enseigner un programme obligatoire d’Éthique et de culture religieuse – obligatoire dans toutes les écoles, publiques et privées – dont le but avoué est d’inculquer à chaque jeune Québécois une philosophie « individualiste ». En effet, l’objectif est de créer une distance critique (comme s’il en fallait davantage !) entre la jeune fille de Gatineau et les préceptes moraux et religieux de ses parents ou de son prêtre. » […]

Nous sommes désormais tous devenus les pupilles de l’État et il ne faut plus s’étonner quand nos juges et politiciens prennent des décisions qui nous poussent à demander où s’arrête l’autorité parentale et où commence celle de l’État. Dans le nouveau Canada, l’autorité de l’État, comme celle de Dieu, ne connaît plus ni début, ni fin. »
En mai 2008, dans la Gazette, Douglas Farrow écrivait :
« Je me dresse contre ce cours parce que — ne vous y trompez pas — ce cours vise à sevrer les enfants des religions traditionnelles et de leurs engagements moraux pour leur inculquer une idéologie antipathique à ces engagements, l’idéologie dite du pluralisme normatif ». Le but est de leur enseigner le principe de Sheerman selon lequel la foi est acceptable tant et aussi longtemps que les gens n’y croient pas trop. Ce qui est visé, en d’autres mots, c’est de les arracher de leur communauté de socialisation de base — leurs familles et leurs lieux de culte — pour les unir dans l’État, avec l’État et sous l’État, un État qui se considère foncièrement plus important que ces familles et ces églises. »

Créer un « Vivre ensemble »

Quant au vivre ensemble tant vanté du nouveau cours d’éthique, M. Antoine Malek, président de l'Association de la communauté copte orthodoxe du Grand Montréal, a adressé une lettre à la ministre de l'Éducation, reproduite dans l'édition du printemps 2008 de Famille-Québec :
« Madame la ministre, nous trouvons honteux [nous soulignons] que vous teniez ces propos qui peuvent laisser sous-entendre que les Québécois ne sont pas vraiment capables de bien vivre ensemble. Nous trouvons honteux [idem] que l'ensemble de votre argumentation puisse culpabiliser les Québécois. Non, madame la ministre, les Québécois méritent d'être félicités pour leur civisme, leur accueil chaleureux et leur savoir vivre ensemble. »
M. Gary Caldwell, dans le nº 20 de la revue Égards, reprend ce thème :
« En proclamant le besoin de « créer » un « vivre ensemble », on se trouve, par le fait même à escamoter et déprécier celui qui existe déjà. En fait, la société québécoise jouit d’un degré de civilité hors de l’ordinaire et d’un esprit d’égalité exceptionnel. […] Présumer qu’il faille rendre les jeunes Québécois plus tolérants et plus capables de « vivre ensemble » que la société civile ne le fait déjà constitue une attitude de mépris envers le « vivre ensemble » et « la culture publique commune » qui existent présentement. »

Dialoguisme et dialogue : à boire et à manger

Le nouveau cours insiste beaucoup dans sa composante éthique sur le dialogue. Or, s'il est bon d'étudier et d'apprendre les règles du respect, du discours argumenté, de la délibération et de détecter les erreurs de logique dans les discours, il n'est pas du tout certain que cela mérite un cours particulier répété chaque année de la scolarité obligatoire. Tout à coup, les compétences transversales disparaissent !

Il faut aussi distinguer le dialogue de l'acceptation des arguments d’autrui de la part d'élèves mis en minorité quand on aborde des sujets délicats, les échanges vains (il y a bien autre chose à faire avec un horaire surchargé !) ou encore l'affadissement de ses positions, par exemple « dialogue interreligieux ».

Pure spéculation ? Voyons ici ce qu'en disent les manuels approuvés au primaire : dialogue à l'issue « duquel tout le monde devrait êter gagnant" » (Modulo, 5e primaire, p. 6) quitte à faire l’appel au conformisme le plus béat lorsque, par exemple, les enfants d’une équipe doivent tous se mettre d’accord sur qui, parmi des personnages fictifs, aura le droit de s’asseoir dans un autobus bondé (Modulo, 2e cycle). On ne comprend pas très bien comment ces dialogues « au terme [desquels] tout le monde devrait être gagnant » formeront des citoyens autonomes tant vantés par le MELS. Coupés des valeurs de leurs parents, probablement, mais pas plus autonomes.




On notera au passage que ces critiques n’ont pas été reprises par la presse quotidienne francophone du Québec…

« Beaucoup de manuels critiqués sur ce site ne sont pas approuvés par le MELS »

Nous avons reçu ce commentaire d'une blogueuse Sonia qui nous accuse de critiquer de nombreux manuels non approuvés :
Après une simple vérification, on constate que beaucoup de manuels critiqués sur ce site ne sont pas approuvés par le MELS. Peu importe ce que l'on pense du programme, il faut vérifier ses sources pour ne pas faire de la désinformation...
D'une part, nous avons toujours demandé aux éditeurs de nous envoyer uniquement des livres qui peuvent être utilisés dans les écoles, d'autre part une simple vérification avec source montre que l'affirmation vague (« beaucoup de manuels ») de Sonia est non fondée. Rappelons que nous avons critiqué ici 7 livres : six manuels de Modulo et un cahier d'activités d'ERPI.

Voici une reproduction des deux pages du Bureau d'approbation du matériel didactique du MELS énumérant les manuels approuvés pour le cours d'ECR au primaire. Reproduction pour connaître la situation actuelle, on trouvera ici le PDF régulièrement mis à jour. On remarquera que les six manuels de Modulo pour le primaire que nous avons critiqués sont tous approuvés ! Pour ce qui est du livre du secondaire d'ERPI, il s'agit d'un cahier d'activités, et non d'un manuel, qui n'a pas à recevoir l'approbation du MELS pour pouvoir être utilisé en classe. Ce cahier fait toutefois plus de 220 pages. Merci Sonia.


manuels de Modulo approuvés
manuels de Modulo approuvés

dimanche 24 août 2008

Boycottage des cours d'ÉCR et DPJ

On se rappellera que dans l'affaire des mennonites chassés du Québec par le Ministère de l'Éducation qui avait déclaré leur école illégale, il avait déjà été fait mention de la DPJ. Le ministère prétendait alors « accompagner » les mennonites. Sans doute vers l'Ontario où ils avaient trouvé un climat plus tolérant. Très actif dans la promotion et défense du cours d'ECR, Jean-Pierre Proulx avait applaudi cette fermeture en colportant une légende : l'école aurait été fermée parce qu'elle refusait d'enseigner le darwinisme. Un grand intellectuel tolérant que ce M. Proulx.

Or, voici qu'on laisse à nouveau planer la menace de l'intervention de la DPJ pour effrayer les parents qui voudraient retirer leurs enfants du cours d'ECR pour les ramener par la suite.

Il est temps de citer un article de La Presse paru il y a quelque temps sur la question.
« Au Québec, les directeurs d'école ont l'obligation de signaler à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) tout jeune de 16 ans et moins qui ne va plus en classe. Or, la DPJ elle-même estime que ce n'est pas son mandat de ramener dans le droit chemin les décrocheurs!

«Un jeune qui ne fréquente pas l'école, ce n'est pas un motif d'intervention suffisant pour nous», explique Judith Laurier, porte-parole de l'Association des centres jeunesse du Québec. «Nous, on s'occupe des enfants négligés, abandonnés, maltraités ou abusés sexuellement, dit-elle. Le jeune de 15 ans qui ne va plus à l'école pour jouer au Nintendo dans son sous-sol, cela ne nous concerne pas.»

Faute d'autres recours, les écoles continuent pourtant de signaler, chaque année, des centaines de cas d'absentéisme à la DPJ. La vaste majorité de ces signalements ne sont pas retenus. »

samedi 23 août 2008

Madagascar — Le « non » des évêques

Les catholiques de Madagascar, par la voix de Mgr Razanakolona, ne sont pas partants pour appliquer la réforme gouvernementale proposée dans le programme électoral de 2003 du parti au pouvoir.

Les écoles catholiques ne souhaitent pas mettre en application le nouveau système de l’enseignement qui consiste à prolonger jusqu’à sept ans le cycle primaire et qui consacre le malgache comme seule langue d’enseignement jusqu’à la classe de 5e, par la suite l'anglais ou le français serait enseigné en complément. Le réseau catholique privilégie le français comme langue d'enseignement.

La décision a été prise à l’issue d’une session extraordinaire de la conférence épiscopale tenue pendant quatre jours à Antanimena. Les évêques se sont déclarés « non convaincus par la réforme ». « Les écoles catholiques continueront à appliquer l’ancien système sans pour autant faire obstacle à la réforme que l’État envisage d’introduire » , ont-ils déclaré devant la presse hier. L’archevêque de Tananarive, Mgr Odon Marie Arsène Razanakolona a représenté ses « frères » à cette occasion. Les évêques se sont dits prêts à continuer à coopérer avec le Ministère de l'Éducation et de mettre en place la réforme dans leurs écoles après avoir pu juger les effets de celle-ci d'ici quelques années.

Rejet prévisible

Le rejet prévisible des écoles catholiques risque de bouleverser le système scolaire malgache. Elles représentent en effet au moins 40 % des écoles privées à Madagascar. On considère généralement que l’enseignement dispensé par les écoles catholiques est meilleur que celui fourni par les écoles primaires publiques et les autres écoles privées confessionnelles. Quant à ces dernières, elles ne se sont pas encore officiellement prononcées sur ce nouveau système de l’enseignement. Les Églises anglicane et adventiste, ont aussi leurs écoles. En tout cas, ce rejet des écoles catholiques ne manquera pas d’être récupéré par l’opposition qui mène actuellement une campagne de sensibilisation contre cette réforme scolaire.

Anglomanie du président malgache

Le président Ravalomanana, chrétien évangélique, qui maintient des liens très serrés avec les pays anglophones, a récemment décidé de faire de l’anglais la troisième langue nationale du pays. Cette question suscite également des polémiques, étant donné que la langue anglaise est totalement inconnue de la grande majorité de la population malgache. Les observateurs soulignent d’ailleurs que le nombre de professeurs de français est insuffisant et que la première langue du pays présente des variantes très prononcées qui rendent parfois impossible la communication entre des personnes habitant des régions distantes. Madagascar fait partie de la SADC, la Communauté des États de l’Afrique australe. Les autorités pensent que ce changement linguistique va permettre de développer les échanges commerciaux et tout particulièrement avec l’Afrique du Sud, qui est la grande locomotive de cette zone du continent. Les premiers volontaires du Peace Corps sont arrivés cette année pour enseigner l'anglais dans les écoles malgaches.

vendredi 22 août 2008

« Le ministère privilégie l'information et le dialogue » : menace de sanctions contre les élèves

Le ministère de l'Éducation et, plus particulièrement, la Commission scolaire des Sommets s'organisent pour dialoguer avec intimider les parents inquiets de l'imposition du cours d'éthique et de culture religieuse à tous les élèves du Québec.

Brouiller les pistes, décourager les parents soucieux

Dans un article paru dans la version papier de la Voix de l'Est le 21 août 2008, le directeur général adjoint de la Commission scolaire des Sommets a déclaré qu'il serait difficile pour les parents des élèves de savoir quand cette matière sera enseignée. « Ce ne sera pas un bloc d'une heure toutes les semaines », note Christian Provencher. « Ça peut devenir difficile pour les parents de savoir quand venir chercher les enfants. »

Si les parents veulent être assurés de savoir quand le fameux cours d'ECR aura lieu, ils peuvent choisir une école privée qui les comprendra mieux ou éduquer leurs enfants à la maison (voir [1] ou [2]). Visiblement le ministère cherche à encore diminuer le poids de l'école publique au Québec...

Sanctionner les enfants

Selon M. Provencher, préfet de disciple dans ce dossier, « C'est un cours obligatoire au même titre que le français ou les mathématiques [!!]. L'élève doit y assister et réussir. » Stéphanie Tremblay du Monopole de l'Éducation (MELS) de confirmer : « Si l'élève n'y assiste pas, ce sera un échec. »

Mais que signifiera cet « échec » alors que ce cours n'est pas sanctionné par un examen et quelle incidence cela pourrait-il bien avoir alors que, avec la réforme, tout le monde serait supposé passer au primaire sauf les enfants qui ont de grandes difficultés d’apprentissage et en concertation avec les parents ? La journaliste de la Voix de l'Est n'a pas jugé bon de poser la question.

Essai de culpabilisation amusant

M. Provencher termine : « Ça nous inquiète beaucoup le message que ça laisse aux enfants. Ce que ça leur dit c'est que le cours n'est pas important »...

D'une part, ceci n'est pas évident : le cours est assez important pour que les parents prennent des risques contre l'appareil imposant de l'État ; mais ce cours est surtout nuisible pour ces courageux parents.

D'autre part, est-ce que M. Provencher est en train de dire que les enfants doivent vivre dans une bulle et ne pas savoir qu'il y a des opinions très tranchées sur ce cours, alors qu'on en discute dans les chaumières, dans les journaux, à la télévision ? Suggère-t-il que, par déni, les enfants soient isolés de cette controverse alors que ce même cours d'ECR prétend leur apprendre à aborder les questions difficiles (la mort, la création, ce qui constitue une famille, le clonage, etc.) qui divisent la société ?

Émission de TQS — « Est-ce acceptable d'enseigner toutes les religions à nos enfants ? »

À vouloir être trop ambitieux, imposer sans dialogue sa marotte pluraliste normative et dire vouloir satisfaire tout le monde, 79 % des sondés par TQS sont contre le cours d'ECR
Sondage en ligne de TQS

Est-ce acceptable d'enseigner toutes les religions à nos enfants ?

Réponse:

21 % oui
79 % non

(Ce sondage des spectateurs de TQS n'a aucune prétention scientifique)

Athée contre le cours d'ECR

Selon Stéphane Gendron, il est insensé d'enseigner, en 2008, la culture religieuse à l'école primaire alors que les enseignants manquent de temps pour approfondir les matières fondamentales comme les mathématiques et le français.



Catholique identitaire québécois contre le cours d'ECR

Sylvain Lamontagne, porte-parole de la Coalition liberté et éducation, veut aller en Cour supérieure afin de mettre fin au nouveau système d'enseignement des religions à l'école.



Théologien qui comprend les parents inquiets

Selon Luc Phaneuf, théologien, la nouvelle forme d’enseignement des religions, qui met autant en valeur n’importe quelle forme de culte, ébranlera les parents.



jeudi 21 août 2008

Complément au cours d'ECR — le bouddhisme militariste


On pense souvent en Occident que le boudhhisme est intrinsèquement une philosophie pacifiste incapable d'excès militaires ou de soutien à l'agression, que ce genre de comportement n'est réservé qu'à l'Occident et au christianisme dévoyé. Les manuels d'ECR analysés ne font rien pour combattre ce préjugé, un d'entre eux propose même comme modèle aux jeunes enfants de 11 et 12 ans le dalaï-lama (parmi tout un panthéon de modèles des plus prévisibles et fort à la mode chez nos « élites »).

Apportons donc notre pierre pour combattre ce préjugé si répandu aujourd'hui et jeter une lumière plus crue sur le bouddhisme « religion pacifiste » en présentant l'ouvrage de Brian Victoria intitulé Le Zen en guerre, 1868-1945.

Présentation de l'éditeur

Comment les écoles du zen ont-elles pu, à ce point et dès l’aube du XXe siècle, identifier bouddhisme et militarisme impérial ? Comment ont-elles pu collecter des fonds pour soutenir l’effort de guerre, organiser des cérémonies pour obtenir la victoire, créer des centres d’instruction réactivant ainsi le mythe du moine guerrier ? Alors qu’on s’interroge aujourd’hui sur les rapports entre les religions et la guerre, Brian Victoria apporte une importante contribution à cette réflexion en dévoilant comment le bouddhisme japonais s’est dévoyé en devenant une idéologie au service d’un pouvoir agressif et impérialiste.

Bénédiction des drapeaux, croisade pour la défense de la civilisation chrétienne face au bolchevisme, théories suspectes de la guerre juste, on croyait ces images et ces thèmes réservés à l'Occident. Au moins la compassion bouddhiste aurait-elle protégé l'Asie de pareilles dérives. Point, comme le démontre à l'envi le livre de Brian Victoria. Très tôt dans le XXe siècle, le bouddhisme japonais s'est dévoyé en idéologie guerrière au service d'un pouvoir agressif et impérialiste. Les plus grands maîtres, et le célèbre D. T. Suzuki, ont légitimé l'alliance entre le sabre et le zen. Collecte de fonds pour l'effort de guerre, cérémonies spéciales pour l'obtention de la victoire, création de centres d'instruction, activités de renseignement, endoctrinement des populations, cette collusion n'a pas cessé en 1945, elle s'est métamorphosée dans le fameux « zen d'entreprise », du Japon en plein essor. Le pouvoir impérial a réussi à fabriquer de toutes pièces, avec la complicité des maîtres de sagesse, une « âme du Japon éternel » inquiétante.

mercredi 20 août 2008

Mission de l'école québécoise : faciliter le cheminement spirituel de l'élève grâce au cours d'ECR ?

Vous pensiez que la religion allait sortir de l'école publique après la sécularisation du réseau public ? Pourtant l'État a récemment ajouté deux articles (36 et 37) à la Loi sur l'instruction publique pour y déclarer qu'il doit faciliter le cheminement spirituel de l'élève.

Plus de religion, mais de l'aide au cheminement spirituel !

On comprend que cette aide prend la forme du nouveau cours d'éthique et de culture religieuse, imposé aux élèves que leurs parents le veuillent ou non.
Rôle de l'école.

36. L'école est un établissement d'enseignement destiné à dispenser aux personnes visées à l'article 1 les services éducatifs prévus par la présente loi et le régime pédagogique établi par le gouvernement en vertu de l'article 447 et à collaborer au développement social et culturel de la communauté. Elle doit, notamment, faciliter le cheminement spirituel de l'élève afin de favoriser son épanouissement.

Indépendance d'esprit et mutins de Panurge

Dans le cadre du cours d'ECR, le début d'un lexique :

CARÊME — Le ramadan des chrétiens, ainsi que le précisait un périodique et que le rappelait un évêque afin d'être mieux compris de ses ouailles, auxquelles il conseillait d'en profiter pour se rapprocher de nos frères musulmans.

CHARTE — La charte des droits et libertés de la personne du Québec, nouveau décalogue qu'il faut respecter (voir page 64 du manuel pour la 6e primaire de Modulo) qui présente l'avantage de pouvoir « progresser » et être facilement modifié pour en éliminer des droits, surtout ceux des parents. Progrès récent : amender l’article 41 de la Charte québécoise des droits et libertés pour limiter le rôle des parents dans le choix de l’éducation de leurs enfants et leur droit à des programmes scolaires qui respectent leurs croyances et convictions.

CHRÉTIEN PROGRESSISTE — Il flirte avec son adversaire pour se faire pardonner sa foi. Pour lui, le prochain est ce qui est le plus éloigné de sa famille et de son pays : Zoulous, hindous, Tibétains, vagabonds et gitans, etc.

DÉCROCHAGE SCOLAIRE — Problème récurrent produit par le monopole (avec une minuscule) de l'éducation et qui persiste de plan d'actions à plan d'actions, de millions en millions dépensés ; prétexte invoqué pour intimider les parents qui s'opposent aux cours d'ECR : « en appelant au boycottage du cours d'ECR, vous favorisez le décrochage scolaire ».

DIALOGUE — Acceptation des arguments d’autrui, affadissement, par exemple « dialogue interreligieux »; tenir le gros bout du bâton et imposer son point de vue quand il s'agit du Monopole de l'Éducation : « Le ministère dialogue avec les mennonites » quand il vient de les menacer de faire intervenir la DPJ pour s'occuper de leurs enfants.

HUMANITÉ — Naguère on déplorait l'absence de Dieu dans la société, remplacé par l'Homme  celui-ci en est à son tour chassé, remplacé par l'humanité, sans que le véritable amour chrétien du prochain y ait gagné.

IMPARTIALITÉ — Un homme impartial est assuré de déplaire à tous les partis alors qu'un homme habile est toujours prêt à hurler avec les loups et à bêler avec les moutons.

INTELLECTUEL — Est réputé « intellectuel » tout ce qui n'est pas facilement intelligible. « Le cours d'éthique et de culture religieuse a été validé par des intellectuels québécois. »

JÉSUISTE MODERNISTE — Le meilleur moyen d'attrister certains jésuites modernistes est de rendre hommage à l'éducation remarquable et stricte inculquée jadis aux jeunes gens dans leurs collèges.

LÉGALITÉ — Il existe un curieux souci de la légalité chez ceux qui ont toujours milité pour l'esprit rebelle, l'autonomie et ont vécu en marge des lois dès qu'il s'agit d'imposer leurs propres préjugés aux autres (exemple : « Le cours d'ECR est obligatoire »).

LIBERTÉ MODERNE — « L'homme d'aujourd'hui l'est, comme le voyageur perdu dans le désert. » (Nicolas Gomez Davila)

MENSONGE — Il y a plus de courage à démasquer le menteur qu'à dénoncer le mensonge.

OUVERTURE — Euphémisme souvent équivalent de « démission » qui qualifie le ralliement aux points de vue de personnes issues des partis politiques de gauche ou de la « société civile »; l’ouverture ne se fait jamais à droite pour inclure des personnes conservatrices.

PRESSE (LA) — La presse est bien nommée, car elle est devenue un instrument de pression.

UTOPIE — Il faut se méfier des utopies, car elles conduisent aux pires réalités.

VÉRITÉ — « Ne nous mettons pas d'accord sur une vérité en dialoguant, mais en mûrissant. » (Nicolas Gomez Davila)

Les manuels d'ÉCR en retard

Le Soleil nous apprend que les enseignants d’éthique et de culture religieuse de quatrième secondaire devront commencer l’année scolaire sans manuel approuvé par le ministère de l’Éducation.

« On est habitué, on ne croit plus au père Noël », a lancé Lynda Berthiaume, présidente de l’Association québécoise en éthique et culture religieuse, à la journaliste du Soleil.

Notons que les manuels révisés par Fernand Ouellet, père de ce cours selon Jean-Pierre Proulx, parus chez Modulo, ont eux été approuvés. Ils ont été analysés ici à plusieurs reprises.

Aucun manuel de 4e secondaire avant octobre

Aucun manuel de quatrième secondaire ne sera approuvé avant octobre, a indiqué au Soleil Jean-Pascal Bernier, l’attachée de presse de la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne. « Le ministère a demandé des modifications à l’éditeur, ce qui explique le retard » a-t-il ajouté. Le Monopole de l'Éducation avait pourtant précisé en juin pourtant que tous les manuels seraient prêts pour la rentrée à la fin août 2008.

Une des difficultés importantes est la place à accorder à chaque religion, explique Bertin Dickner, directeur éditorial pour les manuels d’éthique et de culture religieuse chez Fides. M. Dickner a également annoncé de nouveaux retards dans la parution des manuels d'ECR au primaire: aucun ne sera prêt avant la mi-septembre et ceux du 3e cycle du primaire ne le seront pas avant la fin novembre.

Les experts ne s'entendent pas, normal sauf à être superficiel

Les débats entre experts peuvent aussi venir alourdir le processus, ajoute M. Dickner. Le système d’approbation des manuels au ministère est complexe et s’étend habituellement sur trois mois. Pour le cours d’éthique et de culture religieuse, les manuels doivent en plus recevoir le feu vert d’un expert universitaire pour chacune des six religions à l’étude. « Il arrive que les experts du ministère ne s’entendent même pas entre eux ! », affirme M. Dickner.

Cela n'a évidemment rien de bien singulier : nous pensons qu'il est même impossible de satisfaire tout le monde à la fois en matière religieuse à moins de rester superficiel (ou de ne sélectionner que des gens d'une même sensibilité) et c'est une des raisons qui nous ont amenés à nous opposer à ce cours : une pointure pour tous ! Ça va faire mal aux orteils ! Et surtout à quoi bon ?

« J'aimerais mieux être bouddhiste, parce qu'ils ont cinq vies » dit l'enfant de 7 ans à son grand-père

Témoignage hier lors de la réunion de la CLÉ à Valcourt. Vous n'en lirez rien dans les articles de presse parus que ce soit la Voix de l'Est ou la Tribune de Sherbrooke.

M. Jean-Claude Bleau a relaté publiquement ce qui s'est récemment produit dans sa famille. Nous reproduisons son témoignage à partir de la lettre qu'il a fait parvenir à son évêque, Mgr Jacques Berthelet, le 21 juillet 2008 :
« Nous avons eu 7 enfants, un garçon et six filles qui sont tous mariés devant l'Église et bien unis et fiers de pratiquer leur foi. Ils nous ont donné 26 petits-enfants.

Je tiens à vous faire part d'une expérience vécue dimanche dernier et qui m'ouvre les yeux sur la réalité qui menace nos enfants avec le cours d'Éthique et culture religieuse.

Le papa d'un de mes gendres est atteint d'une maladie qui évolue brutalement. Mon petit-fils, Victor, 7 ans, qui vit dans un foyer fervent et qui communie tous les dimanches me dit tout triste :

— Grand-Papa, tu sais grand-papa Raymond est bien malade et il va mourir, c'est donc dommage, il n'a qu'une vie.

— C'est bien vrai, on a tous seulement une vie et il faut la bien vivre, lui répondis-je.

— Mais grand-papa Raymond a seulement une vie parce qu'il est catholique, moi je ne voudrais plus être catholique, j'aimerais mieux être bouddhiste parce qu'ils ont cinq vies...

— Mais où donc as-tu pris cela ?

— Mais à l'école, on nous enseignait toutes les religions...

Imaginez la stupéfaction de toute la famille. Ce tout petit vit dans une famille fervente, fréquente l'école publique à Boucherville, milieu quand même favorisé. »
M. Bleau a également indiqué qu'après près d'un mois son évêque n'avait toujours pas répondu à sa lettre ni à sa supplique précédente alors que le Saint-Père et les présidents et préfets des Congrégations auxquels il l'avait envoyée lui avaient répondu et l'avaient encouragé.

Des locaux sont prêts à Valcourt pour accueilir les enfants des parents opposés au cours d'ECR

Plus de 100 personnes se sont réunies à Valcourt pour organiser le boycottage du cours d'ECR dès la rentrée scolaire, prévue pour le 27 août.

Les écoles primaire et secondaire de la municipalité ont refusé de rendre disponible un local à pour accueillir les élèves dont les parents désirent participer au boycottage, la Coalition pour la liberté en éducation (CLE) a dû se tourner vers la communauté. Après ce refus des écoles, la commission scolaire des Sommets a décidé de contrôler les allées et venues des élèves et déclaré à M. Sylvain Lamontagne, membre de la CLÉ à Valcourt, que les parents soucieux de l'instruction spirituelle de leurs enfants encourageaient le décrochage scolaire !

« Nous disposerons gratuitement de la salle paroissiale pour les élèves du secondaire et moyennant certains frais, nous aurons accès au Ciboulot, situé tout près de l'école primaire de Valcourt » a annoncé le coordonnateur du boycottage, Sylvain Lamontagne.

« Nous suggérons aux parents d'appeler ou d'écrire une note à l'école pour que leur enfant puisse quitter le cours au niveau secondaire. Au niveau primaire, les parents qui ne peuvent se présenter à l'école pour retirer leur enfant de la salle de classe pourront mandater pour cette tâche une tierce personne, en l'occurrence un bénévole, via le formulaire d'urgence de l'école », d'expliquer M. Lamontagne.

Les jeunes touchés par le boycottage seront encadrés par des bénévoles pendant que leurs camarades de classe suivront le nouveau cours imposé par l'État. « Il n'est pas question de ne rien faire. Nous attendons les suggestions de tout le monde, mais pour l'instant, la possibilité la plus vraisemblable serait de donner le cours d'enseignement religieux, avec des personnes qui ont la compétence de le faire. »

Sylvain Lamontagne dit avoir déjà recruté quelques bénévoles. Il a tenu à rappeler, au cours de la séance d'information tenue hier à Valcourt, que bien qu'obligatoire, le cours n'est pas sujet à sanction et que selon le régime pédagogique du Monopole de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), un élève de cinquième secondaire doit réussir le cours d'éthique et de culture religieuse ou celui d'éducation physique pour obtenir son diplôme d'études secondaires.

Voilà une excellente manière de promouvoir l'éducation physique et la santé de la jeunesse québécoise ! Bravo à la CLÉ.

Les pères et mères conservent le droit de surveiller l'entretien et l'éducation de leurs enfants quoi que dise l'école

On se souvient que le Monopole de l'Éducation qui « privilégie l'information à l'affrontement » et la Commission scolaire des Sommets ont subitement décidé à Valcourt de lutter contre le décrochage scolaire potentiel (j'en vois qui rient, c'est le prétexte avancé !) en renforçant les contrôles sur les allées et venues des élèves alors que des parents se préparent à retirer leurs enfants de l'école quand le cours obligatoire d'Éthique et de culture religieuse sera imposé.

Rappelons donc aux parents qu'ils demeurent les gardiens de leurs enfants, même quand ils les confient temporairement à l'école. Ni la Commission scolaire ni la direction de l'école ne peut s'opposer au retrait des enfants par les parents selon les avocats consultés qui invoquent cet article du Code civil du Québec :
605. Que la garde de l'enfant ait été confiée à l'un des parents ou à une tierce personne, quelles qu'en soient les raisons, les père et mère conservent le droit de surveiller son entretien et son éducation et sont tenus d'y contribuer à proportion de leurs facultés.

mardi 19 août 2008

« Les enseignants d'ECR ne seront pas prêts »... euh... avant une génération ?

Le Devoir, connu pour être partisan du nouveau programme d'éthique et de culture religieuse imposé à tous les élèves québécois par le Monopole de l'Éducation, publie une lettre d'opinion où une fois de plus on rappelle les craintes de Jean-Pierre Proulx — omniprésent dans les décisions entourant ce cours et dans sa défense — les enseignants québécois ne pourront rendre justice à cette nouvelle merveille pédagogique selon ses partisans : le cours d'éthique et de culture religieuse qui ferait enfin du Québec une société tolérante, diverse et ouverte. Excusez du peu.

Citons quelques extraits de la lettre d'opinion (les intertitres sont de nous) :

Formation indigente née de la précipitation

La principale information que nous devons retenir de ce dossier, c'est que les enseignants et les enseignants qui seront responsables de cette matière en septembre 2008 n'auront pas la formation (ou la compétence) nécessaire pour bien appliquer ce nouveau programme, pour être en mesure d'aménager et de faire vivre des apprentissages significatifs et durables.
C'est une litote. La formation a été indigente : environ deux jours en moyenne pour chaque enseignant pour six religions et une nouvelle culture du dialogue et d'éthique !
Dans l'exposé éditorial, le professeur Jean-Pierre Proulx, rédacteur délégué, postule que « la formation des quelque 26 000 enseignants du primaire et de plus de 8000 du secondaire sera, au mieux, minimale, malgré les efforts qui sont menés cette année» (en 2007-2008). Si la formation est ici jugée «au mieux, minimale », c'est dire que dans plusieurs cas particuliers, voire la majorité, la formation n'atteindra pas ce stade qui permette de maîtriser suffisamment le domaine, d'intervenir avec une assurance convenable en suscitant l'indispensable confiance des élèves, des collègues et des parents... Plus loin, la contribution de deux universitaires associées à la formation des formateurs d'enseignants s'avère très éloquente sur le déficit de préparation des enseignants qui seront chargés de ce programme.
Pourquoi cette précipitation dans la mise en place de ce cours alors ? Et si M. Jean-Pierre Proulx essayait de désamorcer les critiques qui accompagneront ce nouveau cours ? De neutraliser les dénonciations des dérives prévisibles de ce cours ?
Ainsi, Mireille Estivalèzes, de l'Université de Montréal, en vient à dire qu'il « est évident que ni les nouveaux enseignants ni ceux qui sont déjà en fonction n'auront complété leur formation à temps. Ils ne seront donc pas complètement prêts pour la rentrée de septembre 2008 ».
Le bel euphémisme : nous connaissons même des enseignants du primaire dans des écoles privées qui n'ont pas du tout été formés !

Des enseignants réellement aptes en Éthique et culture religieuse dans une génération...

De son côté, Suzanne Rousseau, de l'UQTR, livre un article au titre des plus significatifs: «La formation des enseignants: le défi d'une génération». Déplorant le manque de ressources allouées, elle mentionne que «les 45 heures offertes aux enseignants-formateurs [sur les premiers thèmes] et déjà considérées insuffisantes par tous ont été réduites à une journée et demie» par la suite... Forte de son expertise, elle fait état de difficultés majeures, telles que des «carences importantes sur le plan des savoirs pertinents, tant en éthique qu'en culture religieuse, la complexité de la formation au dialogue au niveau tant de la maîtrise du contenu que de l'évaluation, notamment aux premiers cycles du primaire», la préparation quasi irréalisable de «situations d'apprentissage et d'évaluation» qui traitent à la fois deux ou trois compétences disciplinaires, alors que cette approche promue par le renouveau pédagogique n'est pas encore assimilée par le personnel... L'auteure évoquera même en conclusion que c'est seulement lorsque des jeunes qui auront suivi ce programme depuis l'élémentaire s'inscriront à un baccalauréat en enseignement que nous pourrons espérer disposer enfin d'enseignants réellement aptes en Éthique et culture religieuse...
Euh, des enseignants enfin programmés formés depuis leur plus tendre enfance dans le relativisme et le pluralisme normatif par décision de l'État sans que jamais on ne consulte vraiment les parents ? L'Étatisme québécois est vraiment émouvant.

Où sont les preuves que le cours d'ECR va résoudre quoi que ce soit ?

Et ces gens croient vraiment que tout cet agent investi à ébranler l'identité trop massive des Québécois pure laine, comme dirait Fernand Ouellet, va résoudre quoi que ce soit ? Que des troubles comme ceux de Montréal-Nord pourront être évités alors que la religion n'intervient pas dans la plupart des problèmes ethniques  ou sociaux qui sont ceux que connaît le Québec ! Rappelons que les Latinos et Haïtiens de Montréal-Nord sont chrétiens et même le plus souvent catholiques.

Mais le Monopole de l'Éducation fait fi des désirs des parents — ils œuvrent pour le bien n'oublions pas ! — les libertés éducatives pèsent donc peu pour ces missionnaires qui se sentent pressés car le Québec devient de plus en plus divers (qui décide de l'immigration au fait, si ce n'est ce même gouvernement ?) et il faut donc former les enfants de tous au « dialogue » et « au vivre-ensemble ».

Mais croient-ils vraiment qu'un Québec avec plus de jeunes relativistes et rebelles (si Dieu n'existe pas, tout est permis !) vont être plus tolérants parce qu'on les aura dressés sensibilisés aux règles du dialogue et de la tolérance ? Pourquoi ? Par automatisme ?

Pourquoi cela marcherait-il mieux qu'avec l'Église catholique qui avait aussi enseigné un message de charité avec des sanctions et bienfaits célestes supplémentaires à la clé ?

Aucune preuve donc que ce cours imposé donnera des résultats positifs (il pourrait bien être négatifs), mais moins de liberté bien tangible. Quid de cette ancienne vertu : la prudence ?

Difficile de reformater les maîtres en animateurs censément neutres

Pour assurer la réalisation des apprentissages visés, le programme exige que le personnel enseignant adopte la « posture professionnelle » appropriée. L'expression fait référence au besoin d'ouverture à l'échange avec les élèves, d'objectivité et d'impartialité dans ses propos, d'engagement dans une communauté de recherche, etc. Selon les auteurs du dossier, le développement de ces attitudes indispensables « ne va pas de soi chez les enseignants ». Si l'acquisition des connaissances nouvelles représente un défi accessible lorsqu'on y consacre temps et efforts, ce à quoi les enseignants sont habitués lorsqu'ils sont chargés d'un nouveau programme (quitte à meubler ainsi une partie de leurs vacances), il en va tout autrement en ce qui concerne cette «posture», qui fait appel à des habiletés psychosociales et communicationnelles.
Bref, le maître a du mal à devenir un animateur censément neutre.

Cette carence de formation pourrait avoir des effets négatifs graves

[...]
Sans cette « posture professionnelle », les élèves risquent non seulement de rater les compétences disciplinaires escomptées, mais aussi de faire la malheureuse expérience de situations à l'inverse de ce que promeut le programme : le non-respect des personnes et de leur position, l'ancrage de préjugés à l'égard de tels types de croyants ou de non-croyants, la banalisation du fait religieux et des questions éthiques, le repliement sur ses opinions personnelles au lieu d'une maturation conceptuelle des questions religieuses et morales...
Quand on parlait des effets négatifs potentiels, du manque de prudence...

Parents soucieux ou parents intégristes et extrémistes ?

Le constat du manque de formation révélé par le dossier du GRIFPE ne peut laisser indifférent, d'autant plus qu'aucune évaluation globale n'a été rendue publique par les responsables ministériels ou autres. Il ne faut pas s'étonner que des parents qui suivent de près ce qui se passe à l'école redoutent les effets possiblement nuisibles sur le développement de leurs enfants et sur leur perception de la religion et de l'éthique.
L'auteur de cet article ne connaît pas le langage de la ministre de l'Éducation : pour elle les parents qui suivent de près ce qui se passe à l'école — lesquels devraient être considérés comme des parents vertueux — « sont des groupes qui se situent aux extrêmes ». Extrémistes donc. Notez que dans son refus d'exemption, daté de juin 2008, la Commission scolaire de Montréal déclarait que son cours n'était pas relativiste mais qu'il empêchait plutôt l'« intégrisme » !? Extrémistes et intégristes donc ceux qui résisteraient aux diktats des pédagoguesMC, expertsMC toujours cooptés du Monopole, payés depuis des années à penser à l'implantation de leur dernière marotte pédagogique : l'interculturalisme ? Le culot de ces gens qui décident de la formation spirituelle des autres alors qu'on ne puisse pas dire que le Monopole de l'Éducation du Québec ait prouvé la qualité de ses choix ou des fruits de son enseignement imposé d'en haut et décidé pour tous !

lundi 18 août 2008

Qui est Fernand Ouellet, père du cours d'éthique et de culture religieuse selon Jean-Pierre Proulx ?

Les lecteurs de ce carnet se rappelleront que le 8 janvier 2008 à 18 h 45 M. le professeur Jean-Pierre Proulx, auteur du rapport « Laïcité et religions: perspective nouvelle pour l'école québécoise », avait laissé le commentaire suivant :
« Vous me faites par ailleurs trop d'honneurs en me qualifiant de "père" du cours d'éthique et de culture religieuse.

Le groupe de travail que j'ai présidé de 1997 à 1999 a repris une idée qui avait déjà été proposée par le professeur Fernand Ouellet de la faculté de théologie de l'Université de Sherbrooke, spécialiste des religions des Indes au début des années 80. Son idée fut d’ailleurs mise en œuvre pendant un certain temps avec l'approbation du Comité catholique du CSE dans les années 1980. L'idée fut reprise par le Conseil supérieur de l'éducation dans un de ses avis de la décennie 1990 puis par les États généraux sur l'éducation de 1995-96. »
Qui est ce Fernand Ouellet et quels sont donc les principes qui devraient guider un cours de culture religieuse ou d'éducation à la citoyenneté (intégré désormais au cours d'histoire) selon lui ?

Selon André Couture du consortium Érudit, Fernand Ouellet est professeur à la faculté de théologie, d’éthique et de philosophie de l'Université de Sherbrooke, il est spécialiste en éducation interculturelle et y aborde diverses questions relatives à l’Inde moderne et à l’hindouisme.

Spécialiste de l'Inde et de l'hindouisme

Fernand Ouellet est un spécialiste de l'Inde et de l'hindouisme, il lit couramment l'hindi :

— Premchand, Délivrance, traduit du hindi par Fernand Ouellet, Paris-Montréal-Turin, L'Harmattan, coll. « Lettres asiatiques », 2000, 248 pp.

Premchand, Deux amies et autres nouvelles, traduit du hindi par Fernand Ouellet, Paris, L'Harmattan, coll. « Lettres asiatiques », 1996, 239 pp.

Premchand, Godan : le don d'une vache, traduit du hindi par Fernand Ouellet avec une préface de Kiran Chaudhry et une introduction d'André Couture, Paris-Montréal-Turin, L'Harmattan, coll. « Lettres asiatiques », 2006, 364 pp.

H. Daniel Smith, Inde-hindouisme, traduit de l'anglais par Fernand Ouellet, Visual Education Service, Yale Divinity cité dans Ressources sur les grandes traditions spirituelles et religieuses.

Relativisme

Fernand Ouellet a consacré plusieurs articles au relativisme, tel que l'indique son curriculum vitae, notamment :

— Relativisme, tolérance religieuse et compréhension interculturelle, Sciences religieuses 14/3, 1985, pp. 355-369.

— Pour éviter les pièges du relativisme culturel, Communication présentée au colloque Minorités ethniques : entre les particularismes et l'universalisme, 61e Congrès de l'ACFAS, Rimouski, mai 1993.

— Relativisme cognitif, croyances traditionnelles et sciences modernes, dans M.A. Hilly (dir.), Pluralité des cultures et dynamiques identitaires. Hommage à Carmel Camilleri, Paris, L’Harmattan, 1999, pp. 141-165.

— Tolleranza e Relativismo. Saggi sull’intercultura, (Traduction de F. Ouellet, Essais sur le relativisme, Québec, PUL, 2000 par Amina de Girolamo Sinna) Milano, Editioni
Unicopli, 2002.

En l’an 2000, Fernand Ouellet publiait un livre de 237 pages sur le sujet : Le relativisme et la tolérance, dont le journal de l'Université de Sherbrooke résumait ainsi le contenu :
« La question du relativisme soulève des problèmes très complexes qui recoupent plusieurs des enjeux fondamentaux à la coexistence, dans un même espace social, de plusieurs visions du monde, conceptions de la connaissance et systèmes de valeurs différents. Le débat sur ce sujet est très vif. Certains voient dans le relativisme une doctrine dangereuse; d’autres le considèrent comme un acquis important de l’anthropologie moderne. Fernand Ouellet apporte ici un éclairage nouveau en examinant trois questions centrales :
  • Le relativisme met-il sur le même pied les croyances traditionnelles et la science moderne ?
  • Le relativisme est-il une position moralement défendable, puisqu’il semble accorder la même valeur à toutes les conceptions du bien ?
  • Le relativisme culturel peut-il servir de point d’appui à un aménagement viable des relations interculturelles dans des sociétés pluriethniques et plurireligieuses ? »
On notera le style cauteleux universitaire qui procède par interrogatives.

Postmodernité

Fernand Ouellet a également publié sur la postmodernité, dont le relativisme est l’un des dogmes :

— Éduquer à la citoyenneté, à la religion et aux valeurs dans la postmodernité Communication présentée au congrès de l’Association pour la recherche interculturelle (ARIC), Alger, mai 2005, 20 pages.

— L’éducation au religieux dans les sociétés postmodernes, Communication présentée au colloque « La dimension religieuse de l’éducation interculturelle », Oslo, 6-8 juin 2004.

— Racisme, inégalités et postmodernité, 20 pp. Communication présentée au Symposium sur « La question raciale », IRFIQ, Québec, 28-30 octobre 1998.

— Racisme, inégalités sociales et postmodernité. Collectif interculturel, vol. IV, n° 2, pp. 69-87.

Pédagogie du conflit

Dans l’article intitulé « L’enseignement du fait religieux dans l’école publique ? », Fernand Ouellet commente ainsi les assertions d’un autre auteur sur les pratiques pédagogiques à privilégier dans le cadre d’un tel cours :
« Dans le contexte actuel, il ne suffit pas d’éduquer à la reconnaissance et au respect de l’autre. Il faut aussi apprendre à ébranler la « suffisance identitaire » et à s’intéresser à l’autre par delà les divergences et les conflits de valeurs :
« On saisit à partir de là les principes de ce que pourrait être une éducation à la citoyenneté et à la responsabilité. Le problème n’est pas d’inculquer telle valeur ou ensemble de valeurs plutôt que tel autre. Il est de permettre l’émergence d’un questionnement, d’une inquiétude qui arrache l’enfant ou l’adolescent au confort d’un plein et serein accord avec soi-même et de l’acceptation passive de l’altérité d’autrui : « Lui, c’est lui, moi c’est moi ». Il est donc moins de « construire une identité » que, à l’inverse, d’ébranler une identité trop massive et d’y introduire la divergence et la dissonance; il n’est pas de préparer à la coexistence et à la tolérance, mais au contraire, de mettre en scène l’incommensurable abîme qui me sépare d’autrui et m’oblige (au sens moral du terme) à m’intéresser à lui. C’est donc une « pédagogie du conflit » à la fois entre les individus mais aussi en chacun. » (p. 146)

La pédagogie du conflit que propose ici Galichet comme solution à la crise de légitimité des valeurs dans les sociétés contemporaines s’inscrit dans une conception de l’éducation à la citoyenneté où « l’enseignement des questions controversées » (Crick, 1998; Lorcerie, 2002, p.181-182) occupe une place centrale. Une approche de l’éducation à la citoyenneté apparaît particulièrement bien adaptée à la situation de tension entre plusieurs conceptions légitimes de la citoyenneté qui a été évoquée plus haut. »

dimanche 17 août 2008

Manuel d'histoire agréé par le Monopole de l'Éducation du Québec : pas moins de cinquante erreurs !

Nous en avions déjà parlé, les manuels d'histoire du Québec sont d'un affligeant correctivisme politique, on apprend que certains fourmillent aussi d'erreurs grossières.

On a ainsi relevé plus de cinquante erreurs dans le manuel d'histoire de deuxième secondaire intitulé « L'Occident en douze évènements » pourtant approuvé par le Monopole de l'Éducation. La ministre de l'Éducation Michelle Courchesne — qui semble devoir éteindre de nombreux feux ces jours-ci — a assuré qu'elle allait se pencher sur le dossier.

Petit florilège :

— « D'autres peuples vivent encore aujourd'hui sous la domination d'un pays étranger. La France, le Royaume-Uni et les États-Unis, entre autres, possèdent encore quelques colonies. Les Antilles françaises (Martinique et Guadeloupe), par exemple, appartiennent encore à la France. ». La Martinique et la Guadeloupe sont des départements qui élisent démocratiquement leurs représentants.

— Un antisémite est quelqu'un qui déteste les Juifs « de manière irrationnelle ». En réalité, le Petit Robert définit le terme comme un « racisme dirigé contre les Juifs ».

— Copernic a précisé sa théorie astronomique 117 ans après sa mort.

— L'expédition française Fachoda (1898 ou 1899) ! Pourquoi ce doute alors qu'un dictionnaire comme le Petit Robert indique que cet évènement s'est déroulé en 1898 ?

— Les Blacks Panthers et les Black Muslims seraient nées, selon ce manuel, après l'assassinat de Martin Luther King en 1968. Or, les deux mouvements ont été créés respectivement en 1966 et en 1930.

— Les cartes portent des noms en graphie « internationale » comme Ulaanbaatar pour Oulan-Bator (la capitale de la Mongolie), ou encore Addis-Ababa plutôt qu'Addis-Abeba (capitale de l'Éthiopie). On note le même phénomène dans les manuels d'éthique et de culture religieuse où les graphies pédantes (Muhammad, Pangu, Sukkoth) sont privilégiées aux graphies françaises (Mahomet, Pankou, Souccot) même quand on s'adresse à des enfants du primaire

—  « Adolf Eichmann convoque la conférence de Wannsee. Adolf Hitler, Reinhard Heydrich et Heinrich Himmler y mettront au point les procédures d'extermination de toute la population juive d'Europe. » En réalité, ni Hitler ni Himmler n'ont participé à cette conférence ; Heydrich l'a convoquée.

Visiblement, le Monopole s'intéresse plus à la représentation « inadéquate » des rôles masculins et féminins et des ethnies dans les manuels québécois qu'à la précision de ses manuels d'histoire ou même d'éthique et de culture religieuse.

On envoie les enfants à l'école pour les matières de base, pas pour que l'État fasse évoluer leur spiritualité

Extrait de la Voix de l'Est de ce samedi (dans sa version papier) :
« Pour ce qui est de Granby, la présidente de la CLÉ, Marie-Josée Croteau [...] affirme ne pas être rendu [au stade du boycottage], mais la situation pourrait changer. « Je vais voir avec les commentaires des parents qui me parviendront à la réunion de Valcourt, s'il y a des besoins. On pourrait opter pour le boycott, mais mon approche repose plus sur une base individuelles, c'est-à-dire que chaque parent s'organise avec ses propres moyens », souligne-t-elle.

Toutefois, elle assure que de nombreux parents de la région lui ont manifesté leur opposition. « Il y en a beaucoup qui me disent que leurs enfants n'iront jamais à ce cours. Ils craignent que ce programme amène trop de confusion dans la tête des enfants, s'ils doivent démêler les religions. On envoie les enfants à l'école pour leur apprendre les matières de base et non faire évoluer leur spiritualité », termine-t-elle. »


Le Monopole de l'Éducation remercie La Presse de lui servir de porte-voix

Encore un article de haute volée professionnelle de la part des médias québécois. Ici La Presse semble simplement avoir reproduit ce que le Monopole de l'Éducation lui a dicté :
« Le cabinet de la ministre Courchesne n'a pas été en mesure de préciser si les enfants qui n'assisteront pas au cours d'éthique et de culture religieuse risquent des sanctions. Le Ministère privilégie l'information plutôt que l'affrontement. »
Comment ça « le Ministère privilégie l'information » ? La Presse nous assène cela comme un fait ! Aucun guillemet, aucune distance, aucun conditionnel, de verbe introducteur (« dit privilégier »).

La Presse voulait probablement dire que le Ministère privilégie — puisqu'il a le gros bout du bâton — la répétition de ses slogans au dialogue qui est pourtant tant vanté par ce même cours d'ECR ?

Mais cet entêtement mène justement à l'affrontement. La Presse le soulignait d'ailleurs dans le reste de l'article : parents outrés de l'imposition à tous (pas de diversité ici!) de ce cours décidé en haut lieu, boycottage et recours judiciaires.

Et enfin rappelons ces mesures de contrôle supplémentaires subites là où les parents ne se soumettent pas au diktat de l'État. Mais on suppose que ces mesures font partie de l'information privilégiée par le Monopole de l'Éducation du Québec ?

samedi 16 août 2008

Contrôle renforcé des enfants qui pourraient ne pas assister à leur cours obligatoire de dialogue et de diversité religieuse

Le Soleil rapporte dans son édition (papier) de ce samedi que la Commission scolaire des Sommets veut subitement mettre en place des mesures pour contrôler la présence des élèves en classe.

Pour mieux lutter contre le décrochage scolaire et l'école buissonnière ? Il n'était que temps !

Pas du tout.

Pour imposer le nouveau cours de tolérance, de dialogue et de diversité religieuse aux enfants des parents récalcitrants qui n'ont jamais été consultés et dont on a supprimé le droit à l'enseignement de leur religion à l'école pour imposer un cours d'éthique et de culture religieuse décidé par le Monopole de l'éducation et ses experts cooptés. Oubliant de la sorte que l'école publique est un service rendu aux parents, que ses professeurs sont des tuteurs temporaires de l'autorité parentale mandatés par les parents et que les enfants n'appartiennent ni à l'État ni aux commissions scolaires.

M. Provencher directeur adjoint à la commission scolaire des Sommets déclare que chaque école devra mettre en place des mesures appropriées pour contrôler les allées et venues des élèves.

Et certains journalistes oseront encore répéter que le Monopole de l'éducation ne veut pas intimider les parents, mais qu’il privilégie l’information !

Notons que M. Provencher qui doit bien connaître le français et qu'on ne peut imaginer commettre un anglicisme dit bien « contrôler » c'est-à-dire « vérifier » et non pas comme en anglais « limiter » les allées et venues. (Les amateurs d'histoire se rappeleront les conséquences tragiques à Mers-el-Kébir d'une mauvaise traduction de ce mot.)

Il sera intéressant de voir ce qui se passera quand les parents se présenteront pour retirer leurs enfants lors de ces cours pour les ramener l'heure suivante.

Quelles pressions l'établissement scolaire exercera-t-il sur ces enfants pour qu'ils se conforment et se désolidarisent de leurs parents ?

mercredi 13 août 2008

Soirée d'information le 19 août à Valcourt sur le boycott des cours d'ECR

Le mardi 19 août 2008 à 19 h 00

À l’église de Valcourt



L’État veut imposer de force le cours d’éthique et de culture religieuse, le gouvernement va trop loin : ce cours fragilisera la foi de nos enfants. C’est pourquoi la CLÉ envisage de s’organiser pour que les enfants s’absentent pendant ce cours au primaire comme au secondaire. C’est une façon concrète de montrer notre opposition, car nous n’avons pas été consultés ni n’avons donné notre approbation à ce cours.

Cette soirée d’information de CLE aura pour but de répondre aux questions des parents qui veulent sortir leurs enfants de ce cours. On y discutera comment les encadrer durant la période de ce cours dès le début des classes en septembre 2008. On pourra poser des questions et partager ses idées ; votre présence est très importante pour la réussite du boycott, soyons persévérants. Plus nous serons à contester et plus grande sera notre pression sur le gouvernement.

Tous ensemble, nous vaincrons pour la liberté de choix

Quelques-uns des sujets à l’ordre du jour de cette soirée d’information :
  1. Lieu où nos enfants iront durant la période de ce cours;
  2. Demande de bénévoles pour encadrer et superviser les enfants au besoin;
  3. Parents intéressés en vu des élections pour faire parti du Conseil d’Établissement au primaire et secondaire et participation aux votes, etc.;


Pour information : Sylvain Lamontagne au 450-532-5606

Venez en grand nombre – Bienvenue à tous !

Soirée d'information le 19 août à Sillery

Lors de la rencontre au Montmarte Canadien, le 9 juin, la CLÉ avait réussi à rassembler 350 personnes. La CLÉ organise une autre réunion d'information le 19 août où se prononceront les orateurs suivants :
  • Me Jean-Yves Côté,
    avocat spécialisé en jurisprudence ;

  • M. Gary Caldwell par vidéo,
    Commissaire dissident aux États généraux,
    il nous dévoilera les revers de ce cours ;

  • Mme Carole Cardinal,
    vice-présidente de l'ACPEQ,
    assistante juridique de Home School Defence Association of Canada ;

  • Dre Jean Morse-Chevrier par vidéo,
    Psychologue et présidente de l'APCQ,
    Les effets du cours ECR sur les enfants.

Mardi le 19 août 2008 à 19 h 30

Sous-sol de l'église St-Charles Garnier

1215, Chanoine-Morel (coin boul. Laurier), Sillery


Le gouvernement a modifié l'article 41 de la charte québécoise des droits et liberté de la personne. Cela réduit considérablement votre rôle de parent. Par ce changement à la charte, c'est l'État qui, désormais, décidera ce qui est bien pour votre enfant et le lui imposera. L'État peut donc obliger nos enfants de suivre des matières qui vont à l'encontre de nos principes ou de notre religion.

www.coalition-cle.org ou infos@coalition-cle.org ou (418)  839-6236


Entrée libre, Stationnement gratuit, bienvenue à tous et toutes

mardi 12 août 2008

Garderies — plus de places pour les femmes modernes, rien pour les femmes qui gardent elles-mêmes leurs enfants

Le Parti libéral poursuit la mise en place des garderies subventionnées, idée lancée par le Parti québécois, et néglige une fois de plus les femmes qui gardent elles-mêmes leurs enfants à la maison.

Remarquons que ce programme a sans doute très peu avoir avec le « mini-baby-boom » que connaîtrait le Québec, il est tout aussi probable que les baisses d'impôts et de taxes, l'allocation universelle pour jeune enfant et l'embellie économique de ces dernières années aient été responsables de la très petite hausse du taux de natalité québécoise toujours catastrophiquement bas : 1,65 enfant/femme. Rappelons que pendant la même période, sans système de garderie ruineux, la fécondité du Canada (avec en tête l'Alberta) a augmenté et que les chiffres de 2005 (1,54 enfant/femme) étaient les plus élevés depuis 1998...

Revenons un peu en arrière : garderies et natalité

En ce qui concerne la natalité, il est intéressant de remarquer que l'introduction du programme des garderies ne s'est pas accompagné d'un regain de fécondité, contrairement à ce qui s'était produit lors du lancement du programme de primes à la naissance. C'est ainsi que le taux de fécondité passa de 1,37 en 1986 à 1,66 en 1992. Que se passe-t-il depuis 1997 ? Le taux de fécondité a baissé par rapport à la dernière année du « lamentable échec » et il a gravité pendant 4 ans après l'introduction des garderies autour de 1,45. Le ministre d'État à la population de l'époque, M. Trudel, remarquait lui-même récemment « qu'en 2001, seuls 73 500 nouveau-nés avaient vu le jour chez-nous, alors qu'il y a à peine cinq ans, on en comptait 85 000. » Notons que cette inefficacité sur plan de la natalité du nouveau programme-phare du gouvernement québécois ne devrait pas surprendre puisqu'il n'incite pas les femmes à avoir plus d'enfants mais à retourner le plus rapidement possible au travail, ce qui pourrait bien être contradictoire.

Le fameux baby-boom que vivrait le Québec

Les médias québécois ne peuvent s'empêcher de parler de « baby-boom » actuellement. Or celui-ci est équivalent (1,65 enfant/femme) que l'indice synthétique de fécondité en 1992 (1,66), mais avec nettement plusen 2008 d'immigrantes et d'Améridiennes (plus fécondes que les Québécoises francophones de naissance) qu'en 1992. Rappelons que ce 1,66 de 1992 avait été décrié par le PQ de l'époque comme un « lamentable échec »...

Ce programme semble non seulement inefficace dans le domaine de la natalité, il l'est très probablement dans sa dimension économique. En effet, le gouvernement semble vouloir nationaliser le système de garderie alors que les garderies privées et le milieu informel de garde (assuré, par exemple, par la famille ou les voisins) s'avèrent nettement moins coûteux et plus souples. Il faut se méfier des systèmes qui sont basés sur la gratuité (déguisée ici) : ils sont sources de blocage économique, ont un effet boomerang sur la distribution et limitent le libre choix. Il aurait été plus efficace de simplement transférer les sommes considérables en jeu à toutes les familles et de leur laisser le choix du mode de garde de leurs enfants.

Garderies subventionnées - Inéquitable

Contrairement au programme d'allocation à la naissance, le programme des garderies à 7 $ n'est pas un programme universel : il pénalise les familles qui n'utilisent pas le système. Une jeune famille traditionnelle de la classe moyenne avec un seul revenu (l'autre parent garde les enfants) ne reçoit aucune allocation familiale de Québec . Pourquoi, alors qu'un des parents fournit un travail de garde à la maison, ce parent-il n'est-il pas en droit de recevoir les mêmes subsides que les familles qui confient leurs enfants à l'État ? Où envoyer la facture avoisinant les 25$/jour/enfant correspondant à la subvention perçue par les familles « modèles » dont les mères retournent au plus vite au bureau et laissent d'autres s'occuper de leurs enfants ?

« Penser famille », toutes les familles

Les gouvernements successifs ont mis beaucoup de zèle à modifier des pans entiers de la législation pour y inscrire les revendications de certains groupes de pression et concrétiser ou précéder les transformations de notre société. Des mesures fiscales ou subventions ont été consenties dans ce sens. Le programme de garderie à 7 $ est à ce titre emblématique. Des campagnes de sensibilisation ont été entreprises régulièrement pour répondre aux sensibilités de ces groupes de pression : campagne contre la violence faite aux femmes, contre la discrimination faite aux femmes, contre le racisme, contre l'homophobie, pour encourager les jeunes filles à opter pour des carrières masculines, pour la planification familiale, la parité salariale, etc.

On n'a jamais vu le même zèle dans la promotion de la famille comme lieu d'épanouissement, de campagne sur l'importance de la stabilité dans le couple, sur le besoin d'avoir plus d'enfants, sur la possibilité de rester une mère au foyer pendant quelques années. Et pourtant, il faut créer une mentalité d'accueil de plusieurs enfants au sein d'une même famille. Ces campagnes ne suffiraient pas, bien sûr, et il faudrait les accompagner de mesures fiscales qui encourageraient véritablement les familles (en mettant en œuvre un réel transfert de richesse entre les couples sans enfants et ceux ayant cette charge supplémentaire). Une telle fiscalité serait non seulement plus juste, elle aurait en outre des vertus pédagogiques certaines. Il est important de susciter un choc, un choc psychologique et financier en faveur de la famille plutôt que de distiller au compte-gouttes des mesures au fil du temps.

Il ne s'agit pas ici de vouloir exclure les mesures favorisant la réconciliation du travail et de la maternité, mais plutôt de vouloir s'ouvrir à toutes les formes de maternité et, plus généralement, d'encourager la famille et non plus seulement l'émancipation de la femme comme cela semble trop souvent le cas aujourd'hui. Il s'agit de « penser famille » constamment, de penser à toutes les familles sans cet esprit sectaire qui ne favorise qu'une configuration jugée moderne tout en pénalisant celles péremptoirement considérées comme « rétrogrades ».

Espérons qu'un gouvernement saura agir avec discernement sans persévérer par dogmatisme dans la mise en œuvre de solutions à la fois inefficaces et iniques. Il est, en effet, vain d'opposer la mère au foyer et la mère salariée, comme on semble le faire à dessein aujourd'hui, car chacun de ces choix peut se justifier et, surtout, parce que le Québec a besoin des enfants des unes comme des autres.