mercredi 9 avril 2008

Quatre cents formateurs du Monopole contre les parents mécontents

Selon M. Martin Pelchat du Soleil de Québec :
« Une coalition de parents en croisade [sic] contre le nouveau cours d’éthique et de culture religieuse prépare un recours judiciaire en Cour supérieure pour contraindre les écoles d’en exempter les enfants qui en font la demande ».
Bref, ils espèrent pouvoir imiter les parents qui étaient rébarbatifs aux cours de religion et qui parvenaient à en faire exempter leurs enfants.

M. Pelchat continue :
« Pour lancer cette bataille, la Coalition, qui dit ne pas regrouper que des parents catholiques, mais aussi des orthodoxes et des protestants, affirme n’avoir besoin que d’une cause type.»
Petite remarque sur le professionnalisme indolent des journalistes québécois : pourquoi M. Pelchat ne vérifie-t-il pas simplement si la Coalition regroupe bien des parents autres que catholiques plutôt que d’ajouter ce « qui dit » dubitatif ? Ceci ne doit pas être très compliqué puisque certains orateurs aux conférences de cette coalition annoncent la couleur : voir ici. À la décharge de M. Pelchat, il faut ajouter qu'il s'occupe également de la rubrique automobile et technique au Soleil.

M. Pelchat de poursuivre :
Elle est sur le point de l’identifier puisque deux commissions scolaires de Montérégie viennent de rejeter des demandes d’exemption. La Coalition a d’ailleurs expédié par huissier à l’une d’elles une requête en mandamusafin de la forcer à répondre plus vite. Ces refus seront contestés en appel devant le Conseil des commissaires, et s’ils sont maintenus, la Coalition passera aux tribunaux. »

Parmi les motifs qu’elle invoque pour réclamer des exemptions, la Coalition soutient que le contenu du cours est susceptible de « causer des préjudices graves » à l’enfant, qu’il « brime les libertés fondamentales de religion et de conscience » et qu‘il peut « perturber l’enfant en l’exposant trop jeune à des convictions et croyances différentes de celles privilégiées par ses parents ». Le nouveau cours, qui remplacera les cours d’enseignement religieux et moral, fera place à plusieurs cultures religieuses.

Me Côté espère que la démarche de la Coalition aura les mêmes conséquences que la bataille des parents athées contre l’enseignement religieux, à la fin des années 70. « Les étudiants des parents athées réclamaient une exemption qui leur était accordée. Il y en avait tellement qui le demandaient que le juge s’est permis de dire : la solution n’est pas juridique, elle doit être politique. Alors, il a renvoyé les politiciens faire leurs devoirs et c’est là qu’on a accouché du régime de libre choix. »
Notons que même le Mouvement laïque du Québec se dit profondément opposé au cours imposé d’en haut par le Monopole de l’Éducation (MELS).

Concepteur du programme inquiet
L’offensive de la Coalition inquiète un des concepteurs du nouveau cours, Georges Leroux, qui appelle la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, à s’impliquer publiquement.

Elle l’a déjà fait de façon mémorable en déclarant que les enfants sont plus malins que leurs parents : « Nos enfants sont intelligents, ils comprennent souvent plus que nous. »
« Pour d’abord informer la population que ce cours n’est pas, comme le présente la Coalition, une infraction à la liberté de conscience et de religion. »

Mantra mille fois répété par les partisans de ce cours qu'ils veulent imposer.

Comme si la mise sur un même pied d’égalité, par des professeurs qui profitent de leur position d’influence, de toutes les religions et même de l’athéisme proclamés d’une égale légitimité ne pourrait pas saper ou contredire les convictions que les parents veulent transmettre à leurs enfants. Ce relativisme imposé contrevient bien évidemment à la liberté de choix de religion ou de conviction des parents pour leurs enfants.

Rappelons-nous de ce qui disait Mme Rachida Azdouz, psychologue à l'Université de Montréal responsable de la formation pour ce cours auprès des futurs formateurs, quand elle déclare à l’antenne de Radio-Canada (le 2 septembre 2007 à partir de 13 h 51 minutes 17 secondes) :
« des parents arc-boutés sur leur pratique religieuse – on appréciera la neutralité laïque dans la description – ne sont pas disposés à permettre à leur enfant de mieux cohabiter avec les autres, car ils transmettent à leur enfant que leur croyance est la seule, l’unique et la meilleure. Et c’est là qu’intervient l’école et le rôle des intervenants scolaires c'est d'apprendre à cet enfant de composer avec des enfants qui ont d’autres croyances religieuses et dire qu’elle est tout aussi légitime que la leur ou, des enfants qui n’ont pas de croyances religieuses et que cette position-là est tout aussi légitime que la leur. »
Tout se vaut, tout est légitime...
Au cabinet de la ministre, on souligne que des séances d’information pour les parents sont prévues. « Il y a une équipe de 400 formateurs sur le territoire pour s’assurer que tous les maîtres soient formés, explique en outre l’attaché de presse Jean-Pascal Bernier. »
Bref, quatre cents formateurs payés avec les sous des contribuables pour imposer aux parents à qui on n’a rien demandé ce qu’un groupe d’experts cooptés par le Monopole parce qu’ils donnent les bonnes réponses aura décidé d’imposer à tous les jeunes québécois captifs du Ministère en matière de transmission de valeurs. Groupe coopté dont un des chefs de file est désormais inquiet et demande plus de dépenses publiques pour défendre son bébé !

À quand deux ingrédients singulièrement absents au Québec en matière d'instruction : la prudence et la liberté ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis déçu, et un peu inquiet je l’avoue, de trouver constamment certaines terminologies, un certain ton à chaque fois qu’un journaliste d’un média important donne des nouvelles sur la Coalition-Clé et sur le cours d’ECR.

Je veux bien considérer que les journalistes n’aient pas le temps de se renseigner (!!) ou qu’ils ne soient pas nécessairement « ferrés » sur ce sujet (fondamental me semble-t-il pour tout parent et tout citoyen québécois), mais à moins de leur supposer des intentions peu reluisantes, on se trouve réduit à les trouver « dur de comprenure ».

Il ne s’agit pas de sauver le « catéchisse » ou de faire des batailles d’arrière-garde, de défendre une religiosité frileuse autant que chimérique ou d’enfermer notre progéniture dans un ghetto mental, social et culturel. C’est pourtant ce qu’ils comprennent et veulent faire comprendre au reste du Québec à propos des opposants à l’ECR. Ce n’est que du bout des lèvres et aux moments les plus inoffensifs et désamorcés qu’ils accepteront de mentionner que les parents (de la Coalition et du Québec en général) veulent GARDER le droit de choisir pour LEURS enfants.

C’est pourtant simple et clair : CHOISIR pour SES enfants !

Pas les enfants de l’État, pas ceux du MELS, et encore moins ceux de ces merveilleux « groupes de travail » gouvernementaux éclairés qui doivent nous conduire « dans la joie vers un avenir meilleur ». Non! NOS ENFANTS!

Alors, le vocabulaire et ce qu’il évoque devient l’outil qui remplace l’argumentaire. Car, les arguments, ils ne veulent pas y faire face et ils n’en ont pas (c’est du moins ma conclusion de cette dizaine de mois de polémique). Ils n’osent pas encore proclamer, clairement et ouvertement, qu’ils estiment que les enfants québécois (à naître, nés ou en projet) sont et seront sous leur gouverne et deviendront les « citoyens complets » qu’ils décideront eux, …de A à Z.

Car il ne faut pas oublier que le grand drame dans ce qui se passe, ce n’est pas qu’on impose un CONTENU (un cours d’ECR) mais un CONTENANT : UN SEUL COURS OBLIGATOIRE EXCLUSIF, POUR TOUT LE PRIMAIRE ET LE SECONDAIRE, MONTÉ SELON LES OBJECTIFS GOUVERNEMENTAUX.

Même si on en adoucissait le contenu (…et c’est ce qu’ils tentent déjà de faire pour apaiser les choses), le contenant restera leur possession, remaniable quand ils le voudront. Ce cours était-il si inoffensif et si bien intentionné pour qu’on se soit senti OBLIGÉ de modifier l’article 41 de la Charte québécoise des droits et libertés ( dans une discrétion troublante…) afin de passer d’une formulation qui enjoignait l’appareil éducatif de l’État à respecter les convictions des parents à une autre formulation où le parent « conserve » la possibilité d’éduquer son enfant selon ses valeurs DANS LA MESURE OÙ L’ÉTAT CONSIDÈRE QU’ON NE NUISE AU « BIEN » DE L’ENFANT.

Y-a-t-il eu consultation publique là-dessus ? C’est d’autant plus frappant que cet article 41 dans sa formulation originale à servir à rassurer ceux qui s’opposait à la déconfessionnalisation (1997 à 2001), en lui donnant un statut « immuable » quasi constitutionnel. Pendant que déjà, dès avant le Rapport Proulx, certains intervenants gouvernementaux demandaient déjà de le modifier et d’en faire ce qu’il est devenu, d’autres, qui aujourd’hui s’enferment dans un silence inexplicable, plaidait son maintien comme une nécessité fondamentale de droit et de société.

Alors, on traite les parents qui refusent ce changement drastique, imposé sans annonce et sans scrupule, de « croisés », de « fondamentalistes », de « révisionnistes », d’attardés. On les présente comme des Don Quichotte, perdus, troublés qui devront se résigner tôt ou tard à accepter ce « nouveau Québec pluraliste » qu’on nous présente à la télé, dans les journaux, les téléromans et les …bouquins du MELS. …ce Québec pluraliste qui n’est pas dans la rue, dans notre lieu de travail, dans notre famille directe ou élargie, dans nos institutions factuelles, …dans la vraie vie. On nous demande de se conformer à une image mentale qu’ils ont crée, un Québec virtuel qui deviendra réel si nous nous y résignons tous.

Car comment expliquer toutes ces « surprises » de la Commission Bouchard-Taylor, des sondages (moins malhonnêtes) sur les opinions de la population, des élections du printemps 2007. Ils parlent d’un Québec qui n’est pas le Québec réel… mais qu’ils veulent IMPOSER et que la population ne vit pas dans les faits.

Et les québécois en général hésitent, et certains (comme ceux de la CLÉ ou l’auteur de ce Blog) manifestent clairement leur désaccord, muri, soupesé et réfléchi, comme citoyen et comme parent. Et ça c’est le problème de fond …

Accepterons-nous de nous laisser conduire sans chercher la cause de nos malaises ? Attendrons-nous qu’on nous interdise de réfléchir par nous-mêmes, de s’informer à d’autres sources qu’à celles de ce discours tordu et uniforme que nous déverse l’appareil médiatique ? Accepterons-nous de ne pas défendre la démocratie réelle et les libertés fondamentales et de se contenter des litanies apaisantes de ceux qui se considèrent l’élite (et qui ne sont devenus eux-mêmes que des perroquets bien dressés …) ?

Assumerons-nous nos responsabilités d’êtres humains libres et de parents vrais ?

Je ne vois qu’un chemin ! Il faut se lever et dire notre désaccord ! Simplement, paisiblement, légalement, …fermement !

Debout, citoyens !