vendredi 7 décembre 2007

Enseignement religieux : les Québécois veulent avoir le choix

Un sondage CROP-La Presse révèle que 57 % de la population serait d’accord pour que les parents « aient le choix entre l’enseignement religieux confessionnel et le cours d’éthique et de culture religieuse », qui sera imposé partout dès septembre 2008.

Un sondage CROP-La Presse révèle que 57 % de la population serait d’accord pour que les parents «aient le choix entre l’enseignement religieux confessionnel et le cours d’éthique et de culture religieuse», qui sera imposé partout dès septembre 2008.

En dehors des centres urbains de Québec et Montréal, cette proportion grimpe jusqu’à 62 %, constate la maison de sondages. « On voit qu’en régions, les gens sont plus conservateurs sur la question de l’enseignement religieux à l’école », estime Claude Gauthier, président de CROP, qui par ailleurs ne se dit pas surpris que les gens préfèrent avoir un libre choix.

La ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne rappelle sa vision progressiste du monopole de l’Éducation : « Ça fait partie d’une évolution de société qui est en train de se vivre au Québec, comme ailleurs », dit-elle, réitérant qu’il n’est pas question de revenir en arrière, d’autant plus que la laïcisation des écoles publiques a fait l’objet d’une « décision unanime » à l’Assemblée nationale. Cette décision intervenue en dernière minute à l'Assemblée nationale ne prouve que le divorce entre les politiciens et le peuple sur un sujet qui n'a jamais fait l'objet de la campagne électorale précédente.

Les électeurs ou sympathisants du Parti libéral du Québec sont par une faible majorité (51 %) d'accord avec le fait de permettre aux différentes religions d’être enseignées dans une même école, contrairement aux répondants péquistes et adéquistes. Or, sur le terrain, certains intervenants souvent laïques affirment qu’il serait impraticable d’avoir une multiplication de cours de confessions religieuses différentes en même temps. Rappelons que la Belgique applique ce système de multiplicité des cours de religion et de morale dans une même école, là où le nombre des élèves est suffisant.

M. Jean-François Lisée trouve que le nombre de Québécois en faveur de ce choix est sans doute sous-estimé par la manière dont les questions ont été posées qui y associait le nom du cardinal Ouellet.

Ces chiffres ne surprennent pas Jean-Pierre Proulx, professeur au département d’éducation de l’Université de Montréal, qui présidait aussi le groupe de travail sur la place de la religion à l’école, à la fin des années 90.

« Les gens veulent transmettre une partie de leur héritage catholique à leurs enfants, c’est normal, souligne M. Proulx, Mais le cours d’éthique et de culture religieuse répond parfaitement à ce besoin-là », selon le président du comité qui a accouché de ce cours obligatoire.

M. Jean-Pierre Proulx trouve normal que les Québécois soient en faveur du choix, mais il réitère son refus d’accorder ce choix parce que, selon lui, l'école doit être le lieu de vivre ensemble et de formation des futurs citoyens. Bref d’uniformiser la culture de tous les Québécois, même au niveau de la morale et de la religion ? Quelle tolérance ! M. Proulx s'en est pris à plusieurs reprises à l'antenne de Radio-Canada au cardinal Ouellet le désignant comme « un dissident » alors que les autres évêques catholiques du Québec avaient été, en quelque sorte, de bons élèves qui avaient simplement pris acte (pas nécessairement de gaîté de cœur) de la décision unilatérale du gouvernement.

L’Association des parents catholiques du Québec (APCQ) estime pour sa part que le nouveau cours fait fausse route en réduisant « l’appartenance chrétienne », contre la volonté des parents. « quatre-vingts pour cent des parents inscrivent toujours leurs enfants à l’enseignement religieux catholique », rappelle la présidente de l’APCQ, Jean Morse-Chevrier.