mercredi 19 décembre 2007

La sacralisation de la laïcité

Article intéressant paru dans Le Journal de Montréal le 13 décembre dont voici quelques extraits :
[...]
Le débat est donc ouvert et tous se demandent si l'école devrait être confessionnelle ou laïque. Or, cette question en élude deux autres infiniment plus importantes. Tout d'abord, pourquoi faut-il absolument que toutes les écoles se conforment à un modèle d'éducation unique imposé par Québec ? Croyants et athées étant incapables de prouver la justesse de leurs théories, le débat ne sera jamais clos. Ainsi, que l'on impose la laïcité ou une quelconque confession, une partie de la population sera nécessairement lésée.

Ensuite, pourquoi devrions-nous accepter que des fonctionnaires décident si nos enfants devraient ou ne devraient pas recevoir un enseignement religieux ? Leur jugement est-il mieux fondé que le nôtre ? Sont-ils devenus les « sages » des temps modernes ? C'est la responsabilité des parents d'élever leurs enfants, et non de la ministre Courchesne ! Faut-il lui rappeler que l'école a pour fonction de transmettre des connaissances et de répondre aux attentes des parents ? Elle n'est pas là pour permettre aux fonctionnaires et aux groupes de pression d'imposer leurs idéaux aux Québécois!

À l'époque où je fréquentais le secondaire, les élèves pouvaient opter pour des cours d'espagnol ou de latin. Chacun choisissait selon ses goûts personnels. Pourquoi ne pas appliquer le même principe en permettant aux écoles d'être flexibles et d'offrir à la fois des cours de religion et d'éthique ? Certaines le font déjà. Quand les parents d'une école s'unissent pour réclamer, par exemple, des cours de musique, ils les obtiennent. Pourquoi en serait-il autrement quand il s'agit de cours de religion ? La liberté de choix est-elle limitée à l'enseignement séculier ?
[...]
Pour évacuer la religion, certains ont sacralisé la laïcité. Ils n'ont fait que troquer une croyance pour une autre et remplacer la domination de l'Église par celle de l'État. En voulant imposer leurs opinions à toute la population, les fonctionnaires se comportent comme les ecclésiastiques de l'époque. Il est temps de réhabiliter la liberté de choix, surtout dans un contexte où elle est facile à implanter et ne cause de préjudice à personne.

Personne ne dit à madame Courchesne comment elle devrait éduquer ses enfants. Alors pourquoi devrions-nous accepter qu'elle prenne des décisions qui reviennent aux parents ?

dimanche 16 décembre 2007

On ignore l'effet des programmes gouvernementaux pour aider les parents à mieux élever leurs enfants

Selon le Conseil canadien sur l'apprentissage, les parents n'apportent non seulement affection et sécurité à leurs enfants, mais ils participent à leur apprentissage et leur servent de modèles comportementaux. Rien de neuf ici. Ils jouent donc un rôle essentiel auprès de l’enfant, particulièrement durant ses jeunes années.

Des études démontrent que les premières années de la vie de l’enfant sont déterminantes pour la suite de son existence. Au cours de cette période, chaque instant est en effet porteur d’une nouvelle expérience, d’une nouvelle occasion d’apprendre et d’évoluer. Ces premières années revêtent une importance clé sur le plan de l’acquisition par l’enfant des aptitudes dont il aura besoin tout au long de sa vie, qu’elles soient émotionnelles, sociales ou physiques ou encore liées au langage ou à la réflexion. Selon leurs propres attitudes et la façon dont ils se comportent, les parents peuvent soit favoriser, soit au contraire entraver le développement social et émotionnel du jeune enfant. Tout cela est frappé au coin du bon sens, chaque parent le ressent bien.

Ce qui est plus intéressant c'est qu'il existe depuis de longues années des programmes destinés à aider les parents à élever leurs enfants le mieux possible pour « renforcer les aptitudes parentales positives ». (On se demande bien comment le gouvernement vérifie ces renforcements et selon quels critères politiquement corrects). Mais voilà, peu de programmes du genre actuellement proposés au Canada ont fait l’objet d’évaluations adéquates. L’on ignore donc jusqu’à quel point ces programmes peuvent être efficaces... Encore un gâchis financier de l'État mêle-tout ?

mercredi 12 décembre 2007

La ministre sort d’une réunion du cabinet pour vanter le progrès et l'intelligence des enfants plus malins que leurs parents

À l’annonce de la demande de M. Mario Dumont que le gouvernement revienne sur sa décision impopulaire d'imposer le nouveau cours obligatoire d’éthique et de culture religieuse à tous les élèves du Québec à la rentrée de septembre 2008, la ministre du monopole de l’Éducation, Michèle Courchesne, est sortie précipitamment d’une réunion du cabinet. Elle a ensuite réitéré que le cours obligatoire donnerait une place prépondérante à la religion chrétienne et que, selon elle, il ne s’agirait pas d’un cours d’instruction religieuse.

Mme Courchesne aurait ensuite déclaré selon la Gazette de Montréal : « Nos enfants sont intelligents, ils comprennent souvent plus que nous. » Cette flatterie destinée à faire baisser la garde des parents est cousue de fil blanc. Elle n’est fondée sur rien et elle confond allègrement intelligence et instruction. Or, l’acquisition d’une tradition culturelle, d’une foi n’est en rien du ressort de « l’intelligence » censée supérieure des enfants. En outre, cette déclaration ne peut que laisser pantois ceux qui pensent que c’est aux parents de décider de la maturité de leurs enfants et non à un ministère.

La ministre a poursuivi en prétendant que M. Dumont était totalement déconnecté de la réalité et surtout celle de Montréal. Attaque quelque peu mesquine difficile à prouver et surtout qui n’explique pas en quoi les parents ne devraient plus avoir le choix de l’instruction religieuse donnée à leurs enfants !

Mme Courchesne a alors ressorti l’argument usé jusqu’à la corde selon lequel « Si nous nous comprenons mieux, nous pourrons alors plus facilement vivre dans l’harmonie au Québec. » C’est le genre d'affligeantes platitudes qui ont fait tant de dégâts au Québec :
  1. Le Québec abrite dès aujourd’hui de nombreuses communautés et elles s’entendent relativement bien, sans avoir pourtant pu bénéficier des munificences pédagogiques relativistes que le monopole de l’Éducation veut imposer à tous les enfants ou même sans qu'elles comprennent réellement les croyances des autres communautés.
  2. Et puis ce cours désire faire « comprendre les religions et les croyances » des autres petits québécois, Mais les sources de tension au Québec ne sont pas principalement religieuses (pour l'instant)  : elles sont linguistiques et ethniques (les Haïtiens sont chrétiens et pourtant leur « intégration » soulève des difficultés. (Le monopole nous prépare-t-il un nouveau cours ?) Il en va de même dans les cours d’école : les gros, les intellos, les gringalets, les richards, les mal habillés, les efféminés, les rouquins ne sont pas martyrisés à cause de leur religion. Quel cours obligatoire ici ?
  3. Enfin, il n’est pas certain que ce cours conçu dans un esprit naïf, mais généreux (« l’enfer est pavé de bonnes intentions »), aura même l’effet escompté et saura rendre plus harmonieux les rapports entre Québécois. À moins, peut-être, qu’il n’impose une morale relativiste commune de substitution aux croyances diverses des Québécois d’aujourd’hui ? Bien évidemment, les auteurs du programme s’en défendent. Notons qu’il faut bien parler de relativisme, car comme le déclarait Mme la professeure Azdouz au sujet de ce cours : « le rôle des intervenants scolaires c'est d'apprendre à [l’] enfant de composer avec des enfants qui ont d’autres croyances religieuses et dire qu’elle est tout aussi légitime que la leur ou, des enfants qui n’ont pas de croyances religieuses et que cette position-là est tout aussi légitime que la leur. » Tout se vaut donc. Et si ce relativisme avait comme conséquence l’effet inverse voulu : tout se vaut, Dieu n’existe pas (l’athéisme vaut la croyance religieuse) et si Dieu n’existe pas qu’est-ce qui peut me servir de boussole morale sauf mon intérêt personnel ? Pourquoi ne serais-je pas raciste si viscéralement je n’aime pas les gens d’autres ethnies ? Pour faire plaisir au prof ? Par peur de la réprobation des autres élèves soumis au même cours ? Est-ce que ce n’est pas déjà le message appris en France depuis des années ? A-t-il empêché les violences dans les banlieues ? Bien sûr que non.
Mme Courchesne conclut son attaque contre M. Dumont par une saillie typique « Il est très négatif, il cherche à effrayer les parents par cette nouveauté. » Tactique usée jusqu’à la corde au Québec pour faire accepter toutes les modes et les expériences les plus douteuses : il faut innover, et ne pas avoir peur du neuf, tous ceux qui sont prudents sont de frileux rétrogrades, des réactionnaires qui lorsqu'ils s'expriment agissent sur les instincts les plus bas et les plus vils, alors que le retour en arrière est impossible, car la glorieuse marche en avant est irréversible. Nous avons trop entendu cette rengaine vide et vaine.

Jugeons l'arbre du progrès forcé à ses fruits. Voyons où ces valeurs modernes, dont on nous a rabâché les oreilles pendant plus de trente ans au Québec, nous ont menés au niveau social : un taux de natalité désastreux, un lent déclin du fait français, un taux de suicide parmi les plus hauts au monde, des stérilisations volontaires records, quarante pour cent d'utilisation occasionnelle de drogues au secondaire, des exploits sexuels précoces parfois dès le primaire (et Mme Courchesne de dire sans rire que les enfants comprennent nettement mieux que les adultes !), etc. Ah, les valeurs mortifères mais si modernes du Québec toujours à la pointe du progrès !

Non, toute nouveauté n’est pas bonne, Mme Courchesne ! Non, l’imposition n’est pas une valeur en soi, Mme la ministre ! La liberté, le choix et la prudence sont en revanche des valeurs qu’il faut cultiver avec plus d’assiduité au Québec.

Les évêques du Québec réitèrent qu'ils n'ont toujours pas approuvé le cours d'éthique et de culture religieuse

Contrairement à ce que plusieurs partisans du cours d'éthique et de culture religieuse clament, notamment M. le professeur Louis Rousseau, l'Assemblée des évêques catholiques du Québec n'a pas pris position sur le cours d'éthique et de culture religieuse.

C'est en substance ce qu'a déclaré l'archevêque de Montréal, Mgr Jean-Claude Turcotte, lors de son passage ce mercredi 12 décembre 2007 devant la commission Bouchard-Taylor à Montréal.

« Ça part d'une idée généreuse, mais on attend de voir le contenu. Or le contenu ne nous a été révélé qu'à la toute fin de juin » et, depuis, « on n'a pas eu le temps » de l'examiner, a-t-il fait valoir, alors qu'il était interrogé après la comparution de l'Assemblée devant la Commission Bouchard-Taylor, à Montréal.

« Nous, entre nous, nous voulons avoir le temps d'y réfléchir, de le discuter à fond. Je ne connais pas personnellement très bien ce programme-là. »

L'Assemblée des évêques du Québec devrait se pencher sur ce cours obligatoire imposé par Québec en mars 2008.

L'opposition officielle demande le retrait du cours d'éthique et de culture religieuse

Le chef de l'opposition officielle, M. Mario Dumont, accompagné du porte-parole de l'ADQ en matière d'éducation, M. François Desrochers, a exigé un moratoire sur le cours éthique et culture religieuse au niveau primaire. Le chef adéquiste s'inquiète du contenu de ce cours qui pourrait créer de la confusion chez les élèves.

« Le nouveau cours ne donne aucune prépondérance claire à l'héritage religieux du Québec, qui est partie intégrante de notre identité en tant que Québécois. On sème la confusion chez les enfants lorsque l'on nie la prépondérance de la fête de Noël ou de Pâques. Je demande donc un moratoire sur la mise en place de ce cours au primaire afin que la ministre de l'Éducation revoie son contenu pour qu'il reflète la réalité québécoise et l'importance de l'héritage religieux du Québec. »

M. Dumont reproche au nouveau cours d'éthique et culture religieuse de banaliser l'héritage culturel religieux des Québécois, en le considérant d'égale valeur, sans plus, à ceux des différentes communautés issues des autres coins de la planète.

Ce cours, qui formerait « des jeunes sans repères et sans racines », reflète en tous points, selon lui, la vision de l'ancien premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau, une vision multiculturelle « où la réalité québécoise, c'est juste un petit légume de plus dans une grosse soupe », égale aux autres.

Or, l'école québécoise doit donner une prédominance claire au patrimoine religieux et culturel du Québec, a-t-il fait valoir, en conférence de presse, mercredi.

Les enfants ne doivent pas être des cobayes, a-t-il poursuivi, précisément à l'âge où se forge l'identité et au cours duquel on acquiert nos schèmes de valeurs.

M. Dumont propose que les comités de parents et les conseils d'établissements du réseau scolaire doivent être consultés pour déterminer le contenu d'un futur cours de culture religieuse.

S'il faut saluer la volonté M. Dumont de vouloir écouter la population, majoritairement en faveur du choix dans ce dossier, plutôt que de toujours suivre les mêmes « experts » cooptés, ne serait-il pas plus simple de proposer le libre choix du cours de morale et de religion à chaque établissement sans même songer à un cours identique imposé d'en haut par le monopole à toutes les écoles, même si la majorité des québécois y étaient en faveur ? La démocratie n'est-elle pas d'autant plus grande qu'elle respecte le choix des minorités et permet la diversité des choix ?

dimanche 9 décembre 2007

Syndicats québécois contre l'ingérence politique et la gestion partisane de l’éducation


Québec
, le 7 décembre 2007. – Réunis devant l’Assemblée nationale ce matin, une centaine de représentantes et représentants des syndicats membres de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et de l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ) y ont déposé sur le parvis une pétition comptant plus de 20 000 signatures d’enseignantes et d’enseignants, recueillies en seulement deux semaines, témoignant notamment de leur insatisfaction au regard de l’ingérence politique dans les décisions pédagogiques.

En effet, les enseignantes et enseignants déplorent à coup sûr le caractère partisan des décisions qui se prennent en éducation depuis un certain temps. « Il est certain que l’éducation est un enjeu politique de taille, mais les orientations données au système doivent l’être pour des considérations pédagogiques, visant la réussite du plus grand nombre et le respect de son personnel, et non pour des raisons partisanes et électoralistes », a déclaré Mme Maureen Morris, présidente de l’APEQ.

Le syndicats dénoncent les nombreux ratés de la réforme pédagogique, desquels le MELS ne semble jamais tirer de leçon et que la FSE dénonce régulièrement, se répètent cette année lors de l’implantation de la réforme à l’éducation des adultes, mais dans un contexte d’organisation scolaire qui la rend tout simplement irréalisable.

« Les enseignants se sentent ballotés par des annonces improvisées à des fins électoralistes alors qu’ils mettent de l’avant des solutions au plan pédagogique. Pourtant, ils sont les mieux placés pour signaler les changements nécessaires au système d’éducation et, sur cette base, méritent d’être entendus au premier chef », a déclaré Mme Johanne Fortier, présidente de la FSE.

Les enseignants de la FSE et de l’APEQ attendent principalement que le MELS respecte leur expertise professionnelle dans les décisions pédagogiques à prendre, qu’il respecte leur autonomie professionnelle dans le choix des outils d’enseignement et d’évaluation. Ils souhaitent également que le MELS reporte l’implantation de la réforme à l’éducation des adultes tant et aussi longtemps qu’il n’aura pas procédé à une réelle évaluation de sa faisabilité et de sa pertinence et qu’il n’aura pas, en conséquence, apporté les changements requis.

La FSE a choisi de déposer sa pétition sur le parvis de l’Assemblée nationale et non en son sein justement pour s’assurer que le message livré aujourd’hui aux élus québécois se situe au-delà de toute partisannerie politique.
Quand ces syndicats seront-ils enfin en faveur de la liberté scolaire et de la fin du monopole étatique en matière d'enseignement ? Plus d'autonomie et la fin de ce monopole permettraient à tous de faire les choix pédagogiques qu'ils privilégient et d'éviter ainsi l'ingérence politique constante.

vendredi 7 décembre 2007

Enseignement religieux : les Québécois veulent avoir le choix

Un sondage CROP-La Presse révèle que 57 % de la population serait d’accord pour que les parents « aient le choix entre l’enseignement religieux confessionnel et le cours d’éthique et de culture religieuse », qui sera imposé partout dès septembre 2008.

Un sondage CROP-La Presse révèle que 57 % de la population serait d’accord pour que les parents «aient le choix entre l’enseignement religieux confessionnel et le cours d’éthique et de culture religieuse», qui sera imposé partout dès septembre 2008.

En dehors des centres urbains de Québec et Montréal, cette proportion grimpe jusqu’à 62 %, constate la maison de sondages. « On voit qu’en régions, les gens sont plus conservateurs sur la question de l’enseignement religieux à l’école », estime Claude Gauthier, président de CROP, qui par ailleurs ne se dit pas surpris que les gens préfèrent avoir un libre choix.

La ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne rappelle sa vision progressiste du monopole de l’Éducation : « Ça fait partie d’une évolution de société qui est en train de se vivre au Québec, comme ailleurs », dit-elle, réitérant qu’il n’est pas question de revenir en arrière, d’autant plus que la laïcisation des écoles publiques a fait l’objet d’une « décision unanime » à l’Assemblée nationale. Cette décision intervenue en dernière minute à l'Assemblée nationale ne prouve que le divorce entre les politiciens et le peuple sur un sujet qui n'a jamais fait l'objet de la campagne électorale précédente.

Les électeurs ou sympathisants du Parti libéral du Québec sont par une faible majorité (51 %) d'accord avec le fait de permettre aux différentes religions d’être enseignées dans une même école, contrairement aux répondants péquistes et adéquistes. Or, sur le terrain, certains intervenants souvent laïques affirment qu’il serait impraticable d’avoir une multiplication de cours de confessions religieuses différentes en même temps. Rappelons que la Belgique applique ce système de multiplicité des cours de religion et de morale dans une même école, là où le nombre des élèves est suffisant.

M. Jean-François Lisée trouve que le nombre de Québécois en faveur de ce choix est sans doute sous-estimé par la manière dont les questions ont été posées qui y associait le nom du cardinal Ouellet.

Ces chiffres ne surprennent pas Jean-Pierre Proulx, professeur au département d’éducation de l’Université de Montréal, qui présidait aussi le groupe de travail sur la place de la religion à l’école, à la fin des années 90.

« Les gens veulent transmettre une partie de leur héritage catholique à leurs enfants, c’est normal, souligne M. Proulx, Mais le cours d’éthique et de culture religieuse répond parfaitement à ce besoin-là », selon le président du comité qui a accouché de ce cours obligatoire.

M. Jean-Pierre Proulx trouve normal que les Québécois soient en faveur du choix, mais il réitère son refus d’accorder ce choix parce que, selon lui, l'école doit être le lieu de vivre ensemble et de formation des futurs citoyens. Bref d’uniformiser la culture de tous les Québécois, même au niveau de la morale et de la religion ? Quelle tolérance ! M. Proulx s'en est pris à plusieurs reprises à l'antenne de Radio-Canada au cardinal Ouellet le désignant comme « un dissident » alors que les autres évêques catholiques du Québec avaient été, en quelque sorte, de bons élèves qui avaient simplement pris acte (pas nécessairement de gaîté de cœur) de la décision unilatérale du gouvernement.

L’Association des parents catholiques du Québec (APCQ) estime pour sa part que le nouveau cours fait fausse route en réduisant « l’appartenance chrétienne », contre la volonté des parents. « quatre-vingts pour cent des parents inscrivent toujours leurs enfants à l’enseignement religieux catholique », rappelle la présidente de l’APCQ, Jean Morse-Chevrier.

mercredi 5 décembre 2007

Classement des provinces canadiennes au PISA 2006

Science   Lecture*   Mathématique  
Pays et province Note moyenne est. Pays et province Note moyenne est. Pays et province Note moyenne est.
Finlande 563 Corée du Sud 556 Taïwan 549
Alberta 550 Finlande 547 Finlande 548
Hong Kong 542 Hong Kong 536 Hong Kong 547
Colombie-Britannique 539 Alberta 535 Corée du Sud 547
Ontario 537 Ontario 534 Québec 540
CANADA 534 Colombie-Britannique 528 Pays-Bas 531
Taïwan 532 CANADA 527 Alberta 530
Estonie 531 Québec 522 Suisse 530
Japon 531 Nouvelle-Zélande 521 CANADA 527
Québec 531 Irlande 517 Ontario 526
Nouvelle-Zélande 530 Manitoba 516 Macao 525
Australie 527 Terre-Neuve 514 Liechtenstein 525
Terre-Neuve 526 Australie 513 Colombie-Britannique 523
Pays-Bas 525 Liechtenstein 510 Japon 523
Manitoba 523 Pologne 508 Nouvelle-Zélande 522
Corée du Sud 522 Pays-Bas 507 Manitoba 521
Liechtenstein 522 Saskatchewan 507 Belgique 520
Nouvelle-Écosse 520 Suède 507 Australie 520
Slovénie 519 Nouvelle-Écosse 505 Estonie 515
Saskatchewan 517 Belgique 501 Danemark 513
Allemagne 516 Estonie 501 République tchèque 510
Royaume-Uni 515 Suisse 499 Terre-Neuve 507
République tchèque 513 Japon 498 Saskatchewan 507
Suisse 512 Nouveau-Brunswick 497 Islande 506
Autriche 511 Île du Prince-Édouard 497 Nouveau-Brunswick 506
Macao 511 Taïwan 496 Nouvelle-Écosse 506
Belgique 510 Allemagne 495 Autriche 505
Île du Prince-Édouard 509 Royaume-Uni 495 Allemagne 504
Irlande 508 Danemark 494 Slovénie 504
Nouveau-Brunswick 506 Slovénie 494 Suède 502
Hongrie 504 Macao 492 Irlande 501
Suède 503 Moyenne OCDE 491 Île du Prince-Édouard 501
Moyenne OCDE 500 Autriche 490 Moyenne OCDE 498
France 495 France 488 France 496
États-Unis 489 Italie 469 Royaume-Uni 495
Espagne 488 Espagne 461 Espagne 480
Russie 479 Russie 440 Russie 476
Italie 475 Israël 439 États-Unis 474


* Les chiffres pour les É-U d’A. ne sont pas disponibles

Source :Statistiques Canada

mardi 4 décembre 2007

En Ontario, on enseigne n'importe quoi...

On se souvient qu'un journaliste du Journal de Montréal avait titré un article où il avait surtout interrogé un militant du mouvement laïc de l'Ontario « En Ontario, on enseigne n'importe quoi ».

« Ils peuvent enseigner ce qu'ils veulent. Ce sont des entreprises privées. Les professeurs n'ont pas à être autorisés par le ministère, comme c'est le cas dans le réseau public », indiquait à l'époque Michelle Despault, attachée de presse de la ministre ontarienne de l'Éducation, Kathleen Wynne.

Le plumitif du Journal de Montréal soulevait que «
contrairement au Québec, aucune législation [sic : n’] oblige en Ontario les jeunes à suivre le programme du ministère. « C'est malheureux, on ne sait pas ce qui est enseigné dans ces écoles. C’est parfois de l'endoctrinement », explique Gilles Arpin, vice-président du Conseil scolaire de district du centre-sud-ouest (membre d'une organisation de promotion de la laïcité dans les écoles de l'Ontario).
»

Nous ne pouvons que compatir avec ce journaliste aujourd'hui alors que — malgré cette indépendance et cette liberté des écoles ontariennes — celles-ci réussissent mieux aux tests PISA que les écoles sous la coupe du Monopole de l'Éducation du Québec qui parle de serrer la vis pour imposer son programme unique (et son fameux renouveau pédagogique) et le seul personnel agrée par les conventions collectives et les syndicats. Voir les écoles juives, évangéliques et mennonites du Québec. Comme si la liberté n'était pas une vertu qui non seulement respecte mieux la liberté des parents, mais qui favorise la diversité, l'autonomie et l'implication des parents. Comme si la Ministre n'avait pas déjà tant à balayer devant la porte de ses propres écoles « laïques ». Mais on comprend que tout cela n'est que peu de choses pour nos politiciens qui ne pensent aujourd'hui qu'au devoir de l'État de « protéger les enfants » (entendre évincer les parents dans le rôle de premiers éducateurs) et qu'à former les citoyens tolérants et relativistes d'un Québec qu'ils veulent de plus en plus multiculturel (c'est pourquoi tous devront passer le nouveau cours de tolérance religieuse et de dialogue obligatoire intitulé éthique et culture religieuse).

Trois provinces canadiennes ont pourtant des meilleurs résultats aux tests PISA, elles prévoient toutes des dispenses assez importantes pour les écoles libres, indépendantes ou religieuses : il s'agit dans l'ordre de l'Alberta, avec les meilleurs résultats, puis de la Colombie-Britannique et enfin de l'Ontario (où l'on enseignerait n'importe quoi à plus de 50 000 enfants par an!). Les étudiants du PISA sont sélectionnés à partir d’un échantillon aléatoire d’établissements scolaires (publics ou privés) ainsi que sur un critère d’âge (à partir de 15 ans et 3 mois à 16 ans et 2 mois au début de l’évaluation), et non en fonction de leur classe.

Rappelons que le Québec est également très en deçà de ces provinces en ce qui a trait aux aptitudes de lecture (PIRLS). En 2001, le Québec s'était classé sixième. En 2006, il glissait à la seizième place. Plusieurs croient que cette baisse des habiletés de lecture des jeunes Québécois coïncide avec la réforme scolaire.

samedi 1 décembre 2007

L'école malade du pédagogisme et de l'ethnocentrisme du présent

Entretien intéressant dans le Devoir avec Alain Finkielkraut qui y fustige le pédagogisme et l'imposture de l'ethnocentrisme du présent que pratique notre société. Extraits :
Le Devoir — « Le monde dans lequel les enfants sont introduits est un monde ancien » : c'est là une des idées centrales d'Arendt que vous reprenez souvent. Mais l'école d'aujourd'hui semble refuser cette idée. On a peur de présenter aux élèves des « choses anciennes ».

Alain Finkielkraut — Oui, et c'est tout à fait extraordinaire : on renonce à l'idée de dépayser les élèves, de les désaccoutumer d'eux-mêmes. Or qu'est-ce que la transmission ? C'est l'élargissement du présent : en lisant Platon et Corneille, nous devenons les contemporains de Platon et de Corneille. Aujourd'hui, on part du principe que les hommes vivent dans le présent et les enfants également. Puisqu'il n'y a pas d'autre contemporanéité que celle de notre temps, l'actualité prime et les élèves sont censés ne désirer que l'actualité elle-même. Dans ce contexte, on oublie les classiques. Sinon, on les « dépoussière ». Cette obsession du dépoussiérage est très révélatrice.

L.D. — C'est étrange : notre époque ne cesse de prôner l'ouverture à l'autre mais elle ne supporte pas l'altérité du passé. D'où nous vient cette fermeture ?

A.F. — C'est une sorte de « chauvinisme du présent ». Le sentiment prévaut aujourd'hui selon lequel aucune autre époque que celle à laquelle nous vivons n'a combattu les diverses formes d'intolérance ou de refus de l'autre. À écouter ce qu'on dit d'elle, notre époque serait la seule à combattre simultanément la misogynie, l'homophobie, le racisme, l'antisémitisme, etc. Selon cette perspective, il n'y a plus aucune raison d'aller chercher des leçons dans le passé, considéré comme une « grande noirceur ». Et c'est ainsi d'ailleurs que l'allergie de plus en plus visible au dépaysement se présente comme le privilège d'une époque ouverte à toutes les modalités de l'altérité.

L.D. — C'est un paradoxe!

A.F. — C'est même une imposture, c'est la grande imposture de notre temps. C'est un temps rétréci, c'est une époque qui croit avoir démystifié, récusé ou réfuté toutes les formes d'ethnocentrisme mais qui développe comme nulle autre avant elle l'ethnocentrisme du présent.

L.D. — Dans La crise de l'éducation, Hannah Arendt écrit : « C'est justement pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire dans chaque enfant que l'éducation doit être conservatrice ; elle doit protéger cette nouveauté et l'introduire comme un ferment nouveau dans un monde déjà vieux qui, si révolutionnaire que puissent être ses actes, est, du pont de vue de la génération suivante, suranné et proche de la ruine. » Comment comprenez-vous cette phrase paradoxale aujourd'hui ?

A.F. — Je crois que rien n'illustre mieux cette phrase extraordinaire d'Hannah Arendt que la situation de la langue. Pour acquérir un style qui vous soit propre, par exemple, il faut bien connaître la langue. Et la langue, elle, ne vous appartient pas. Donc la mission première de l'école, c'est la transmission de la langue. Une langue est certes maternelle, donc on ne l'apprend pas qu'à l'école. Mais les nuances et les subtilités sont contenues dans la littérature que, précisément, l'école a pour mission de transmettre.

Or, aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Il y a un nombre considérable d'élèves en situation d'illettrisme jusque dans l'enseignement secondaire. On parle donc d'échecs lourds: un quart des élèves arrivent à la fin du primaire sans maîtriser l'orthographe, voire la lecture et l'écriture, mais en fait le diagnostic doit être radicalisé : ceux qui évitent l'échec lourd sont en situation de réussite légère. On voit aujourd'hui les Français divorcer d'avec leur propre langue. Celle-ci est de moins en moins bien parlée et connue. Et moins elle est parlée, moins les locuteurs ont la possibilité de faire valoir leurs possibilités de commencer quelque chose de neuf.
Le 27 octobre 2007 sur France culture, Alain Finkielkraut recevait, lors de l'émission Répliques, Cécile Réveret, professeur de lettres classiques dans un collège de la région parisienne et le père Jean-Marie Petitclerc, polytechnicien et éducateur, chargé de mission au cabinet du ministre du logement et de la ville. On trouvera ci-dessous un pointeur vers l'émission.



Extraits de l'émission de Canal+ à laquelle Alain Finkielkraut fait référence :