vendredi 30 novembre 2007

Dossier complet sur le désastre de l'orthographe à l'école française (Valeurs actuelles)

L'hebdomadaire Valeurs Actuelles publie aujourd'hui un entretien avec le délégué général de S.O.S. Éducation, ainsi qu'un dossier complet sur le désastre de l'orthographe à l'école. De nombreux exemples de copies et lettres d'élèves de tous âges sont reproduits.

Lire le dossier de Valeurs actuelles.

Résultats d'une évaluation internationale sur les aptitudes en lecture

Le Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS) est une initiative de l’Association internationale pour l’évaluation des acquis scolaires (IEA). Il évalue les habiletés des filles et des garçons de neuf ou dix ans (élèves de 4e année) par rapport à la lecture de textes littéraires et informatifs authentiques. Le PIRLS a été administré pour la première fois en 2001. En 2006, 40 pays et plusieurs provinces ont participé à l’évaluation. Au Canada, outre le Québec, quatre autres provinces y ont pris part, à savoir l'Alberta, la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse et l'Ontario.

Les résultats de l’enquête internationale PIRLS 2006 portant sur les aptitudes en lecture des enfants de 9/10 ans ont été rendu publics.

Les enfants issus de la réforme de l'éducation au Québec sont légèrement moins bons que leurs prédécesseurs en lecture, selon les données du PIRLS. En effet, les élèves québécois de quatrième année perdent 4 points, passant de 537 en 2001 à 533 à 2006 alors que les élèves ontariens améliorent leur performance de 6 points. Dans les deux cas, il faut cependant souligner que les différences entre les résultats de 2001 et 2006 ne sont pas statistiquement significatives.

Les élèves de la fédération de Russie sortent premiers de cette évaluation internationale, ils ont également vu leurs résultats moyens s'améliorer de 37 points en 5 ans.

En 2001, le Québec s'était classé sixième. En 2006, il glissait à la seizième place.
Plusieurs croient que cette baisse des habiletés de lecture des jeunes Québécois coïncide avec la réforme scolaire.

Selon les codirecteurs de PIRLS, Ina Mullis et Michael Martin, du Boston College, les pays peuvent utiliser les données du rapport pour améliorer l'enseignement de la lecture.

Le rapport, ajoutent-ils, confirme la place de la famille comme premier, et peut-être le plus important, enseignant de la lecture.

Écoutez l'émission de Maisonneuve en direct de Radio Canada sur le même sujet :


Les filles continuent lors du PIRLS 2006, comme c'était le cas pour le PIRLS 2001, à obtenir de meilleurs résultats que les garçons (en moyenne 509 pour les filles contre 492 pour les garçons).

On retrouvera ci-dessous le classement complet du PIRLS.

Pays Note moyenne
Russie (Fédération de) 565
Hong-Kong 564
Canada, Alberta 560
Singapour 558
Canada, Colombie-Britannique 558
Luxembourg 557
Canada, Ontario 555
Italie 551
Hongrie 551
Suède 549
Allemagne 548
Pays-Bas 547
Belgique (Flandre) 547
Bulgarie 547
Danemark 546
Canada, Nouvelle-Écosse 542
Lettonie 541
États-Unis d’Amérique 540
Angleterre 539
Autriche 538
Lituanie 537
Taïwan 535
Canada, Québec 533
Nouvelle-Zélande 532
Slovaquie 531
Écosse 527
France 522
Slovénie 522
Pologne 519
Espagne 513
Israël 512
Islande 511
Moyenne de l’échelle du PIRLS 500
Moldavie 500
Belgique (francophone) 500
Norvège 498
Roumanie 489
Géorgie 471
Macédoine (république de) 442
Trinité et Tobago 436
Iran 421
Indonésie 405
Qatar 353
Koweït 330
Maroc 323
Afrique du Sud 302


Exemple de texte du PIRLS 2001 : La nature et le questionnaire correspondant.

jeudi 29 novembre 2007

Résultats préliminaires PISA 2006 — Finlande et Hong-Kong en tête

Selon les résultats préliminaires de la dernière étude PISA sur les connaissances des jeunes de 15 ans en sciences naturelles, la Finlande fait de nouveau figure de premier de classe suivie de Hong-Kong et du Canada en troisième position.

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié ces résultats préalables de l'étude Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), qui sera présentée en détail le 4 décembre. Cinquante-sept États ont participé à l'enquête. Une comparaison avec les résultats de 2003 pour les sciences naturelles n'est pas possible, selon l'OCDE, car l'enquête de 2006 est la première qui ait retenu les sciences comme domaine prioritaire.

La Finlande (563 points de moyenne) y précède Hong Kong et le Canada s'agissant des connaissances des élèves de 15 ans en sciences naturelles. Les résultats par province canadienne ne sont pas encore disponibles. La France se trouve en 25e place, en milieu de peloton. La Belgique est 19e, on ne connaît pas à ce stade les résultats des différentes communautés linguistiques.

Rappelons que si le PISA évaluent les enfants du public et du privé, il ne teste pas les décrocheurs, nombreux au Québec. «Ils ne testent pas ceux qui n'y sont pas et qui sont les plus susceptibles de faire baisser la moyenne de performance. Imaginez le bond en avant qu'une moyenne peut faire si on retranche toutes les notes les plus basses.»

Place Pays Note moyenne Erreur type
1 Finlande 563 (2,0)
2 Hong-Kong 542 (2,5)
3 Canada 534 (2,0)
4 Taïwan 532 (3,6)
5 Estonie 531 (2,5)
6 Japon 531 (3,4)
7 Nouvelle-Zélande 530 (2,7)
8 Australie 527 (2,3)
9 Pays-Bas 525 (2,7)
10 Liechtenstein 522 (4,1)
11 Corée 522 (3,4)
12 Slovénie 519 (1,1)
13 Allemagne 516 (3,8)
14 Royaume-Uni 515 (2,3)
15 République tchèque 513 (3,5)
16 Suisse 512 (3,2)
17 Macao 511 (1,1)
18 Autriche 511 (3,9)
19 Belgique 510 (2,5)
20 Irlande 508 (3,2)
21 Hongrie 504 (2,7)
22 Suède 503 (2,4)
23 Pologne 498 (2,3)
24 Danemark 496 (3,1)
25 France 495 (3,4)
26 Croatie 493 (2,4)
27 Islande 491 (1,6)
28 Lettonie 490 (3,0)
29 États-Unis d’Amérique 489 (4,2)
30 Slovaquie 488 (2,6)
31 Espagne 488 (2,6)
32 Lituanie 488 (2,8)
33 Norvège 487 (3,1)
34 Luxembourg 486 (1,1)
35 Fédération russe 479 (3,7)
36 Italie 475 (2,0)
37 Portugal 474 (3,0)
38 Grèce 473 (3,2)
39 Israël 454 (3,7)
40 Chili 438 (4,3)
41 Serbie 436 (3,0)
42 Bulgarie 434 (6,1)
43 Uruguay 428 (2,7)
44 Turquie 424 (3,8)
45 Jordanie 422 (2,8)
46 Thaïlande 421 (2,1)
47 Roumanie 418 (4,2)
48 Monténégro 412 (1,1)
49 Mexique 410 (2,7)
50 Indonésie 393 (5,7)
51 Argentine 391 (6,1)
52 Brésil 390 (2,8)
53 Colombie 388 (3,4)
54 Tunisie 386 (3,0)
55 Azerbaïdjan 382 (2,8)
56 Qatar 349 (0,9)
57 Kirghizistan 322 (2,9)


On retrouvera ici une réflexion intéressante sur les tests PISA, ce qui y est évalué (les compétences et non les connaissances), comment ces évaluations sont faites et si les résultats sont fiables.

Voir également Les succès scolaires de la Finlande s'expliquent-ils d'abord par « l'absence d'immigration » (Xavier Darcos) ?

mercredi 28 novembre 2007

Au tour des écoles juives du Québec de regimber

L'opposition au nouveau cours obligatoire d'éthique et de culture religieuse semble maintenant devoir s'étendre à plusieurs secteurs de la communauté juive.

La Canadian Jewish Agency rapporte en effet que les écoles hassidiques et orthodoxes juives ont de sérieuses réserves au sujet du nouveau programme d'éthique de culture religieuse qui devrait être enseigné dans toutes les écoles du Québec dès la prochaine année scolaire.
« Les écoles conventionnelles juives se demandent également comment elles vont enseigner un cours qui oblige chaque enfant à acquérir une connaissance de base sur les religions qui feraient partie du patrimoine québécois : le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme et la spiritualité autochtone. On présentera également quelques religions ou croyances plus récentes au Québec comme l'islam, le bouddhisme, l'hindouisme et l'athéisme, ceux qui ne professent aucune religion.

Le programme devra être donné tant dans les écoles publiques que privées, qu'elles soient subventionnées ou non, de la première année du primaire à la dernière année du secondaire.

[...]

« Cela cause une réelle préoccupation » de dire Meyer Feig, directeur du Conseil orthodoxe juif pour les relations communautaires. « Tout dépend jusqu'où le programme ira. Nous ne sommes pas contre l'enseignement de la tolérance et du respect; nous le faisons déjà, mais explorer d'autres religions pose des difficultés. »

Le rabbin Yosef Minkowitz, directeur de l'académie Beth Rivkah, une école d'inspiration loubavitch a déclaré : « Il est prématuré pour nous d'émettre des commentaires avant que nous n'ayons étudié la chose plus en profondeur. Nous examinons actuellement ce dossier avec grand soin. »

En privé, les dirigeants hassidiques déclarent que le cours, tel que décrit par le ministère de l'Éducation, ne peut tout simplement pas être donné dans leurs écoles et certainement pas aux plus jeunes élèves.

Charley Lévy, directeur exécutif de l'Association des externats juifs (AJDS), a déclaré qu'il comptait bientôt se réunir avec les représentants des écoles hassidiques et des autres écoles orthodoxes « afin de décider de ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire. » Certaines de ces écoles ne font pas partie de l'AJDS.

M. Lévy a précisé qu'il serait possible de modifier le programme afin qu'il convienne à n'importe quelle école juive, mais « ce n'est pas un programme évident », a-t-il admis.

[...]

Dans un rapport présenté devant la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, le Congrès juif canadien (Québec), a suggéré que le cours d'éthique et de culture religieuse ne soit donné qu'au secondaire. Les parents, ajoutait-il, veulent que leurs enfants aient une base suffisamment solide dans leur propre religion avant d'être exposés à d'autres croyances. »
Rappelons que, dans un esprit de conciliation, la ministre de l'Éducation, Mme Courchesne, avait annoncé récemment, dans les termes du Devoir, vouloir serrer la vis dans le dossier des écoles juives religieuses privées qui n'appliquaient pas tous les aspects du programme gouvernemental obligatoire.

Laics ou sectaires ? Attaques des socialistes français contre l'école libre

Hier, le PS défendait une proposition de loi visant à abroger un article de la loi de 2004 sur la décentralisation imposant aux communes une participation aux frais pour les élèves scolarisés dans une école privée hors de leur commune de résidence. Elle a été rejetée.

Christian Vanneste a réagi à l’ambiance délétère des discussions :
J’ai pu constater la présence de plusieurs députés socialistes du Nord, et c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai pu entendre deux élus socialistes du Nord s’attaquer une fois de plus à l’enseignement libre, alors que celui-ci est particulièrement présent dans notre département et accueille les élèves sans la moindre restriction sociale. Dans une ville populaire comme Tourcoing, on sait que les établissements privés reçoivent près de la moitié des élèves au niveau primaire, et près des 2/3 dans les collèges. Or, j’ai pu entendre dans la bouche des élus de l’opposition que l’enseignement privé devait demeurer marginal et qu’il était hors de question qu’il bénéficie de moyens identiques à ceux de l’enseignement public.

Rarement, des interventions ont à ce point présenté une image caricaturale : cela était le retour de la laicité de combat, avec pour Monsieur Bataille, qui manifestement ne doit pas beaucoup connaître le fonctionnement de l’enseignement catholique sous contrat, l’idée que l’existence de l’enseignement libre et sa défense, étaient du « bushisme à la française », avec pour conséquence l’interdiction d’enseigner Darwin à l’école !

[Or les écoles privées sous contrat en France doivent en fait enseigner le programme du Ministère. Voir Subordination de l'enseignement « libre ».]

Rarement la mauvaise foi a été à ce point étalée par des intervenants. Il leur parait scandaleux en effet que l’aide à l’enseignement privé puisse permettre l’exercice réel de la liberté du choix de l’enseignement, car ce serait selon eux, accorder un privilège aux écoles privées.

Il faut s’accrocher pour comprendre le raisonnement : donner la même chose, c’est donner plus ! J’ai du à plusieurs reprises leur rappeler que cela ne concerne que le fonctionnement et que les établissements privés et les parents qui leur confient leurs enfants sont pénalisés, puisqu’ils ont à leur charge au niveau primaire l’ensemble des dépenses d’investissement.

Cela constitue une très large économie au profit des communes qui n’ont à intervenir que dans l’entretien et la construction des bâtiments de leurs écoles publiques. C’est notamment le cas dans la ville de Tourcoing.

Une fois de plus, en panne d’idée(s), le regard tourné vers le rétroviseur et les débats du XIXe siècle, les socialistes ont démontré que leur conception de la laicité était celle de la guerre scolaire et non de la tolérance, que leur conception de l’égalité consistait à favoriser les uns au détriment des autres, et que leur conception de la liberté tendait à imposer une école au détriment d’une autre.

A plusieurs reprises, j’ai entendu les orateurs socialistes préciser que l’école publique était l’école de la République. En tant qu’enseignant d’une école catholique sous-contrat, et époux d’un proviseur de l’enseignement public, j’affirme hautement que nous avons l’un et l’autre travaillé pour le service public de l’Éducation nationale, c’est-à-dire pour l’école de la République dans laquelle il n’y a pas de place pour le sectarisme.